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Alisson a été poignardée par son mari à Marcinelle ce dimanche: les féminicides sont-ils plus sévèrement punis par la loi?

Un nouveau féminicide qui a eu lieu à Marcinelle ce dimanche, aux alentours de 22h. Alisson a succombé sous les coups de couteau de celui qui était devenu son mari et le père de son enfant depuis quelques mois.

En huit ans, le blog stopfeminicide a recensé 232 cas en Belgique et les chiffres sont sans doute en deçà de la réalité. Dans les colonnes de nos confrères de Sudinfo, Astrid Bedoret, avocate pénaliste, précise que certes tuer sa conjointe ou son conjoint est reconnu comme une circonstance aggravante mais que le féminicide en tant que tel n’existe pas dans le code pénal en Belgique. 

Autrement dit: le mari d’Alisson, tuée ce dimanche par son époux, risque deux années de prison supplémentaires parce qu'il a déjà commis un autre homicide.

Et ailleurs? 

Chez nos voisins français, le féminicide n'a pas non plus d'existence juridique officielle. Tout comme en Belgique, il n'est pas inscrit dans le code pénal.

Si le terme féminicide n’est pas juridiquement reconnu, un arsenal de répression existe pourtant: tuer volontairement une femme en raison de son genre est une circonstance aggravante, de même que commettre un meurtre en tant que partenaire.

Depuis une loi du 9 juillet 2010, les ex-partenaires sont aussi visés. Sans les nommer, la loi condamne déjà les féminicides comme meurtres aggravés et permet donc des peines supérieures à trente ans d’emprisonnement, comme la perpétuité.

L'un des freins à la reconnaissance pénale du féminicide vient du principe d'égalité devant la loi qui s'oppose à ce que les crimes soient genrés. 

En Amérique latine, par contre, la mobilisation contre les violences faites aux femmes est telle que le féminicide a été introduit dans la législation de plusieurs pays. C'est le cas de la Bolivie, de l'Argentine, du Chili, du Costa Rica, de la Colombie, du Salvador, du Guatemala, du Mexique et du Pérou.

En Europe, la mobilisation est plus timide.

En Italie, aussi, les violences de genre sont spécifiquement prises en compte. Les auteurs, s'ils sont reconnus comme tels par la justice, risquent la prison à vie. Cette peine a été infligée en décembre dernier par la cour d'assises de Venise à un étudiant qui avait poignardé à mort son ex-petite amie. Ce crime qui avait bouleversé le pays et relancé le débat sur les violences contre les femmes.

En Croatie, également, le féminicide est considéré comme un crime spécifique puni par des peines allant de 10 à 40 ans d’emprisonnement.

L'exemple de l'Espagne 

Sur le vieux continent, l'Espagne, comme souvent dans le droit des femmes, fait figure de modèle. Selon ONU Femmes, l’Espagne bénéficie d’une des lois les plus protectrices dans le monde.

Une loi-cadre intitulée "Mesure de protection intégrale contre les violences conjugales" a, en effet, été votée en 2004. Elle a été complétée en 2017 par une loi "pacte d’État" contenant 290 mesures interministérielles. 

Dans les faits, ces lois se traduisent par des équipes de police spécialisées et référentes mises en place pour le suivi des dossiers, des tribunaux spécialisés pour traiter des violences de genre aussi bien au civil qu’au pénal ainsi qu’une protection complète et immédiate de la victime. Depuis 2004, les féminicides ont baissé de 25 % en Espagne.

Retrouvez Vous êtes dans le journal tous les soirs du lundi au vendredi à 18h sur bel RTL avec Peggy Simono et Thibaut Roland.

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