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Les investigations sur l'évasion mortelle du narcotrafiquant Mohamed Amra en 2024 se poursuivent. Vendredi, six nouvelles personnes ont été mises en examen, dont le rappeur Koba LaD, placé sous contrôle judiciaire.
L’enquête sur l’évasion spectaculaire de Mohamed Amra, qui a coûté la vie à deux agents pénitentiaires en mai 2024, continue de s’étendre. Ce vendredi, six nouvelles mises en examen ont été prononcées, dont celle du rappeur Koba LaD.
L’artiste de 24 ans, de son vrai nom Marcel Junior Loutarila, a été extrait de sa cellule lundi pour être entendu.
Actuellement en détention provisoire pour homicide involontaire aggravé après un accident de la route en septembre 2024, il est désormais poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de commettre un délit puni de cinq ans. Contrairement aux réquisitions du parquet, il a été placé sous contrôle judiciaire.
Ses avocats, Mes Stéphane Cherqui et Arthur Vercken, dénoncent une mise en cause sans fondement : "La mise en examen de Koba LaD ne repose tout simplement sur rien. Ses auditions ont permis de démontrer qu'il n'a aucun lien avec l'évasion et la cavale de Mohamed Amra, il ne les a pas préparées, ne les a pas financées, n'en était pas informé et n'y a pas participé".
Ils ajoutent que l’artiste est poursuivi uniquement en raison de sa notoriété et de ses liens avec certaines personnes impliquées.
Un rôle financier présumé
Les enquêteurs soupçonnent Koba LaD d’avoir indirectement soutenu financièrement la cavale de Mohamed Amra. La raison ? Sa société aurait augmenté de 1 000 euros le salaire d’un associé quatre mois avant l’évasion.
Cet associé aurait ensuite utilisé cette somme pour payer en espèces le loyer d’un appartement à Compiègne (Oise), qui aurait servi de planque au fugitif. Les avocats du rappeur réfutent toute implication directe ou indirecte dans l’organisation de l’évasion.
Plusieurs arrestations en France et à l’étranger
L’opération menée lundi a permis l’interpellation de 23 personnes en France et de deux autres en Allemagne. Ces dernières sont soupçonnées d’avoir accompagné Mohamed Amra dans sa fuite vers la Roumanie, où il avait été arrêté en février après neuf mois de cavale.
Un homme interpellé à Marseille lundi doit être présenté samedi aux juges d’instruction. Deux autres suspects, arrêtés au Maroc, attendent leur extradition vers la France.
Par ailleurs, Adonis C., 24 ans, considéré comme un très proche de Mohamed Amra, s’est rendu de lui-même aux autorités thaïlandaises à Phuket. Recherché via une notice rouge Interpol, il devrait être extradé la semaine prochaine.
Un réseau criminel au cœur de l'enquête
Au total, 34 personnes, dont Mohamed Amra et Koba LaD, sont désormais mises en examen dans cette affaire. Parmi elles, des membres présumés du commando qui a attaqué le fourgon pénitentiaire, mais aussi des individus suspectés d’avoir joué un rôle logistique.
Les enquêteurs s’intéressent également à un groupe surnommé Black Manjak Family (BMF), présenté comme une organisation criminelle normande spécialisée dans le trafic de stupéfiants. Ce groupe aurait aussi des liens avec Koba LaD, bien que ces connexions restent à préciser.
Une source proche du dossier indique que la BMF fonctionnerait "comme un label, un signe de reconnaissance autour de Koba LaD", tout en évoquant une possible double activité : "la sécurité de rappeurs et des basses œuvres pour se financer".
Le rappeur, déjà condamné en janvier 2024 à 15 mois de prison pour violences sur son ancien manager, se retrouve ainsi une nouvelle fois dans la tourmente judiciaire.
L’instruction devra désormais déterminer l’étendue exacte de son implication, s’il y en a une, dans cette affaire aux ramifications tentaculaires.