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Le narcotrafiquant Mohamed Amra, arrêté samedi en Roumanie après neuf mois de cavale marquée par la mort de deux agents pénitentiaires sur une aire d'autoroute française en mai, a été renvoyé ce mardi en France par avion, selon les autorités aéroportuaires roumaines. Maintenant qu'il est sur le sol français, que va-t-il se passer pour lui ?
L'ennemi public numéro un français a été escorté à l'aéroport de Bucarest par un convoi des forces spéciales de la police roumaine et a traversé le hall large sourire aux lèvres, menottes au poignet et avec la même teinture rousse qui avait surpris lors de son arrestation samedi.
Le GIGN, l'unité d'élite de la gendarmerie française, a pris le relais dans l'avion pour le ramener en France. Le multirécidiviste de 30 ans avait accepté dimanche son renvoi en France avant de contester en vain sa détention. "Comme il conteste sa culpabilité" et qu'il "est victime d'une erreur judiciaire", "nous avons fait appel pour qu'il soit libéré", avait précisé son avocate, Maria Marcu, avant son renvoi du pays.
Arrivé sur le territoire français en début de soirée ce mardi, l'homme va être placé sous l'autorité de la rétention judiciaire, car il est visé par un mandat d'arrêt. À noter que sa rétention ne pourra aller au-delà de 24h précise BFM TV.
Après cela, Mohamed Amra devra être présenté aux juges de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée afin d'être interrogé. Ensuite, sa mise en examen dans le cadre d'évasion devrait être prononcée.
L'étape suivante sera sa présentation devant un juge des libertés et de la détention qui décidera de son placement en détention provisoire.
Pour rappel, Mohamed Amra a été arrêté samedi en Roumanie où il vivait avec de faux papiers depuis le 8 février après avoir été installé par des complices dans un appartement de la banlieue de Bucarest, selon la police roumaine. "L'hypothèse la plus probable" est qu'il soit resté en France, jusqu'à son départ en Roumanie début février, a confié une source proche de l'enquête lundi.
Sécurité renforcée pour son transfert
Selon la procureure de Paris, Laure Beccuau, une réunion a eu lieu lundi pour étudier dans quelle prison française il serait incarcéré à son retour. Sa remise "se fera sous les conditions de sécurité les plus hautes, les plus renforcées", a-t-elle indiqué sur franceinfo, tout en insistant sur l'importance du "secret" dans cette enquête de la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco).
"Gérald Darmanin a demandé que Mohamed Amra soit placé dans un quartier d'isolement, dans un établissement pénitentiaire présentant un très haut niveau de sécurité", a souligné de son côté l'entourage du ministre français de la Justice.
"Un certain nombre de membres du commando pourraient se trouver au sein de ces gardes à vue", a poursuivi Mme Beccuau. "L'ensemble des auditions permettront de crédibiliser ou pas les pistes que nous avons pu construire".
Selon elle, "dans son environnement, il y a effectivement un certain nombre de personnes qui peuvent appartenir" à la "Black Mafia Family", une organisation criminelle spécialisée dans le trafic de stupéfiants, "dont l'activité mérite d'être creusée". Selon une source proche du dossier, deux nouvelles interpellations ont eu lieu en France dans la nuit de lundi à mardi.
Preuve du caractère hors norme de l'enquête sur son évasion: tout au long de sa cavale, "100 à 150" enquêteurs de la police judiciaire ont travaillé au quotidien sur ce dossier devenu symbole de l'emprise du narcotrafic en France, a rappelé lundi Christian Sainte, le patron de la police judiciaire.