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La juge Anne Gruwez met en garde contre une justice aveuglément répressive et s’interroge sur l’évolution des mentalités. Un homme qui siffle une femme dans la rue peut-il être condamné?
À quelques heures de l’annonce possible d’un nouveau gouvernement, la juge Anne Gruwez adresse un avertissement au futur ministre de la Justice. Son message est clair : "Ne tombons pas dans la tolérance zéro." Pour elle, incarcérer systématiquement pour tout et n'importe quoi n’est pas une solution.
"La politique de tolérance zéro mène à l’engorgement des prisons par des malfrats qui, à leur tour, vont saisir la justice pour dénoncer la surpopulation carcérale. C’est le serpent qui se mord la queue", déclare-t-elle dans les colonnes de La Dernière Heure.
La juge regrette également une époque où les ouvriers la sifflaient du haut des échafaudages, un comportement qui serait aujourd’hui assimilé à du harcèlement.
Mais un tel acte peut-il réellement entraîner une condamnation en Belgique ?
La réponse est oui, dans certains cas. Siffler une femme de manière grossière ou vulgaire, dans le but d'attirer son attention ou de suggérer un geste sexuel, peut être puni par la loi. Comme l’indique le site de la police
Il faut noter que la gravité peut, selon l'appréciation du juge, relever tant d'un comportement unique extrêmement dégradant, que de la répétition de comportements qui, pris isolément, pourraient être qualifiés de sexistes au sens de l'incrimination. La galanterie et les blagues ne sont bien entendu pas visées par la loi.
Que risque-t-on ? Une comparution devant le tribunal correctionnel qui pourra prononcer une peine de prison d'un mois à un an et/ou une amende de 50 à 1.000 euros.
Pour rappel, le sexisme est une infraction pénale. Elle est poursuivie conformément au droit commun : plainte à la police, instruction par le parquet, jugement par le tribunal pénal.
L'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes est également habilité à aider, dans les limites de son objet, toute personne sollicitant une consultation sur l'étendue de ses droits et de ses obligations, émettre un avis et si nécessaire, agir en justice.
Enfin, comment différencier la séduction du harcèlement ? La réponse est simple : dès qu’il y a une gêne ou refus, on sort du cadre de la séduction.
"La frontière entre drague et harcèlement est claire : c’est le consentement", rappelle une ancienne secrétaire d’État aux Droits des femmes sur le site de la police Meuse-Hesbaye.
Retrouvez "Vous êtes dans le journal", du lundi au vendredi de 18h à 19h sur bel RTL avec Peggy Simono et Thibaut Roland.