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Thierry Bodson, président du syndicat socialiste, était notre invité ce mercredi dans le Bel RTL Matin. Au micro de Martin Buxant, il a évoqué une étude de la FGTB sur la limitation du chômage dans le temps. Selon le syndicat, cette mesure ferait exploser les coûts pour les communes. Voici comment.
C'est l'une des mesures phares de la future coalition Arizona (Engagés, MR, N-VA, CD&V et Vooruit): la limitation des allocations de chômage à deux ans. Selon le syndicat socialiste, cela pose problème. La raison, c'est qu'une grande partie de ces chômeurs de longue durée risquent de se retrouver au CPAS. Cela ferait donc exploser les coûts pour les communes.
Thierry Bodson explique: "Sur l'ensemble des exclus (NDLR: du chômage), les chefs de ménage et les isolés auront droit au CPAS et ça veut dire qu'il y aura donc 90.000 exclus qui vont aller frapper à la porte des CPAS pour l'ensemble du pays. C'est évidemment énorme. Ça représente pour la plupart des CPAS une augmentation de 50% des bénéficiaires et dans les petites communes, c'est même très souvent 100% en plus de bénéficiaires du RIS (revenu d'intégration sociale) du CPAS."
Il y a actuellement 165.000 personnes qui bénéficient de ce revenu d'intégration sociale en Belgique actuellement. Si les estimations de la FGTB sont bonnes, ce chiffre pourrait donc grimper à 255.000.
Selon notre invité, ce sont les grosses villes qui vont avoir les répercussions les plus importantes: "Liège à titre d'exemple, ça va être 4.300 bénéficiaires en plus, Namur 1.400, Charleroi 3.900 et ainsi de suite. Pour Liège, il faut bien se rendre compte qu'avoir 4.300 bénéficiaires en plus cela représente en fait 70 millions de budget."
Les communes doublement pénalisées
Si les grandes villes seront particulièrement touchées, les petites seront également impactées mais différemment: "C'est une particularité. Vu que dans les communes rurales, il y a moins de bénéficiaires, il y a une augmentation beaucoup plus importante. À Éghezée qui est une petite commune juste à côté de Namur, il y a aujourd'hui 60 bénéficiaires du CPAS, il y en aura demain 120, ça veut dire que c'est un doublement", affirme Thierry Bodson.
Le syndicaliste précise qu'à chaque fois qu'il y a 80 bénéficiaires en plus, il faut un assistant social pour accompagner ces personnes. Dès lors, selon ces calculs, les communes seront doublement pénalisées. Elles devront d'une part payer ces revenus d'intégration sociale et de l'autre, engager plus de personnel pour gérer ces personnes.
Une compensation de 200 millions d'euros
Notre interlocuteur précise que pour payer quelqu'un au CPAS, "il y a 70% qui peuvent être récupérés auprès du fédéral et 30% qui restent à charge de la commune".
Bart De Wever, le formateur, prévoirait une compensation de 200 millions d'euros pour aider les communes. "C'est nettement insuffisant", avance le syndicaliste qui estime qu'il faudrait plutôt "quelque chose de l'ordre 600 millions d'euros".
Sans cette somme, "il va y avoir soit une diminution des services dans les communes, soit une augmentation des taxes communales", estime Thierry Bodson.