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"Il y a un côté très technique et très complexe": l'astrophysicienne Yaël Nazé revient sur l'exploit chinois réalisé sur la Lune

C'est un grand pas qui a été franchi dans le domaine spatial. Un module chinois a réussi à prélever un échantillon de la face cachée de la Lune, ce qui constitue une première mondiale. Le module est reparti avec 2 kg de roche lunaire. Les échantillons prélevés pourraient permettre d'en savoir davantage sur la formation et l'histoire de la Lune.

Afin de mieux comprendre les enjeux de cette première mondiale, l'astrophysicienne de l'ULiège, Yaël Nazé, était en duplex ce midi dans le RTL info 13h. Alors tout d'abord : en quoi est-ce un exploit d'aller sur la face cachée de la Lune ?

"Déjà, ce n'est jamais facile d'atterrir où que ce soit, mais alors dans une zone où on n'a pas de contact... Là, tout doit se faire en automatique, on n'a aucun moyen de savoir si quelque chose se passe bien ou se passe mal, et donc de pouvoir corriger. Donc il y a un côté effectivement très technique et très complexe à atterrir sur la face cachée. Maintenant, pour les Chinois, ce n'était pas la première fois qu'ils le faisaient, ils l'ont déjà fait il y a 5 ans. Là, ils ajoutent la cerise sur le gâteau puisque cette fois-ci, ils ramènent des échantillons", précise l'astrophysicienne.

Mais justement, que pourrait-on trouver dans ces échantillons qu'on n'aurait pas encore trouvés sur la face visible de la Lune ? "Alors en fait, la face visible, celle qu'on a l'habitude de voir, est très très différente de la face cachée. On a l'habitude de voir des zones un peu sombres qu'on appelle les mers. Sur la face cachée, il n'y a pas du tout ça. La face cachée, c'est tout un ensemble de cratères, et il y a un énorme cratère qui est justement l'endroit où a atterri cette sonde chinoise, qui présente des anomalies de composition, où la croûte lunaire est extrêmement fine. Finalement, tout cela fait qu'on ne comprend pas très bien pourquoi il y a cette dichotomie entre les deux faces de la Lune, pourquoi cette zone-là est si particulière. Alors, on a bien des hypothèses, mais il faut les tester évidemment, et donc là, ce sont des informations totalement inédites qu'on peut avoir. Évidemment, on a beaucoup plus d'informations avec des roches qu'avec juste des photos ou des analyses depuis l'orbite", précise Yaël Nazé.

En s'attaquant à l'exploration de la face cachée de la Lune, est-ce que la Chine a un désir de montrer sa puissance spatiale ? Pour Yaël Nazé, le pays n'a plus besoin de faire ses preuves dans ce domaine. "En fait, elle n'a plus à le montrer, elle est une puissance spatiale depuis déjà bien longtemps. Donc en fait, ce qui se passe, c'est que la Chine a établi un plan, un plan qui se déroule par étapes. Il s'agissait d'abord de faire le tour de la Lune, puis d'atterrir sur la face visible, sur la face cachée, puis d'aller chercher des échantillons sur la face visible, sur la face cachée, et après, on va étudier les possibilités de ressources lunaires. Et puis en 2030, ils prévoient d'atterrir sur la Lune avec des humains. Donc, voilà, ils ont un plan très clair et ils s'y tiennent, ils ne font pas d'esbroufe, ça nous change un peu des changements continuels côté NASA. Les Chinois sont plus discrets, mais ils gardent leur ligne. Et puis ce qu'il faut dire aussi, et ce qu'on oublie parfois, c'est que c'est quand même une mission internationale, puisque ici, il y a des instruments français, italiens, suédois, et même un petit CubeSat pakistanais", conclut-elle.

 

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