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Les Français n'ont plus que trois jours avant le premier tour d'élections législatives historiques pour faire leur choix entre une gauche qui peine à maintenir son unité, une extrême droite toujours largement favorite et une majorité macroniste qui affirme ne pas se résigner. Les états-majors des partis, eux, ont déjà les yeux rivés sur le second tour.
En France, il ne reste que 48 heures de campagne avant les élections législatives et le premier tour, puisqu'en fait, tout s'arrête demain à minuit. Alors que sur le terrain, les candidats s'activent. À Paris, les états-majors préparent déjà le deuxième tour. Et c'est peut-être une erreur.
C'est une erreur classique dans les élections à deux tours. On croit avoir une vision claire de la première étape et on se concentre sur la seconde. Or, ce n'est pas comme ça que ça marche, car bien souvent, les électeurs ne font pas ce qu'on a prévu.
L'exemple le plus fameux est peut-être celui de Lionel Jospin, à la présidentielle de 2002. Premier ministre de cohabitation depuis cinq ans, avec un très bon bilan économique, il ne doutait pas le moins du monde qu'il affronterait au second tour, le président sortant, Jacques Chirac. Il avait négligé la présence d'autres candidats de gauche et il avait surtout traité par le mépris la candidature de Jean-Marie Le Pen. On connaît la suite.
Le 21 avril 2002, Le Pen est arrivé devant Jospin et le favori du second tour a été viré au premier, provoquant un séisme politique. Or, les partis de ce qu'on peut appeler l'arc républicain sont en train de commettre une erreur du même type.
Cette fois, le parti lepéniste est donné largement favori, avec de l'ordre de 35% des voix dans les sondages. Et ses adversaires de droite, du centre ou de gauche se déchirent pour savoir pour qui ils voteront au second tour.
Certains, comme Emmanuel Macron, défendent la position du ni-ni, ni extrême droite, ni extrême gauche. D'autres ont des pudeurs de jeune fille, alors on votera peut-être pour la gauche, mais pas n'importe quel candidat, on verra au cas par cas, socialiste ou insoumis. Même raisonnement pour le Parti communiste, peut-être qu'on votera pour la majorité présidentielle, mais de toute façon ce sera exceptionnel parce qu'on sera devant.
Seules quelques personnalités empreintes de sagesse, comme la présidente des Verts, Marine Tondelier, crie au loup. Élue municipale dans le nord, dans la circonscription d'une autre Marine, Le Pen, elle connaît bien son terroir, qui en 20 ans est passé du PS à l'extrême droite. Et sa position est claire, il n'y a qu'une solution pour battre les lepénistes, que tous les républicains se désistent les uns pour les autres, quelle que soit leur parti. Elle a même proposé de les rencontrer tous, mais sa voix se perd dans le désert des ambitions.
Or, une élection, comme un match de foot, n'est jamais jouée avant la dernière seconde. Il sera toujours temps, dimanche soir, de parler du second tour. Mais pour l'instant, il faut jouer la première manche.