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Les affaires de viol avec soumission chimique restent complexes à prouver, tandis que les chiffres officiels ne reflètent qu'une partie de la réalité. La loi belge insiste désormais sur l'importance d'un consentement totalement éclairé.
En 2023, la Belgique a recensé 141 dossiers avérés de soumission chimique, selon la police fédérale, sur un total de 4009 procès-verbaux pour viol.
Parmi ces cas, 61 impliquaient l'administration d'alcool, 64 des stupéfiants, et 16 des médicaments.
Pourtant, ces chiffres sous-estiment probablement l'ampleur du phénomène, comme l'explique Robin Drevet, coordinateur des projets festifs de l'ASBL Modus Vivendi : "Les victimes ont du mal à porter plainte en raison de la stigmatisation et des obstacles psychologiques liés à ce type d'agression".
Le phénomène de soumission chimique se manifeste souvent dans des contextes proches de la victime : soirées entre amis, after-parties, ou rencontres en cercle restreint.
Contrairement à une idée reçue, les agressions ne surviennent pas toujours dans des lieux publics ou avec des inconnus.
Des preuves difficiles à établir
Les affaires de soumission chimique posent un défi majeur à la justice. Maître Fabian Lauvaux, avocat au barreau de Charleroi, témoigne de la difficulté à apporter des preuves tangibles : "Certaines drogues sont conçues pour disparaître rapidement du sang ou des urines, rendant presque impossible leur détection même en agissant rapidement".
Un exemple typique est celui d'une jeune femme de 20 ans, qui affirme avoir été violée après s'être subitement sentie fatiguée et avoir perdu connaissance. Malgré des analyses toxicologiques, aucune substance n’a été détectée, illustrant la complexité de ces dossiers.
Une législation renforcée en Belgique
Depuis 2022, la Belgique a adapté ses lois pour mieux protéger les victimes de soumission chimique et de viol. La notion de consentement éclairé est désormais au cœur des textes législatifs.
Denis Goeman, juge au tribunal correctionnel de Bruxelles, souligne : "Si une personne est sous l’influence de l’alcool ou de drogues, elle ne peut valablement donner son accord".
Le juge précise également que même en cas de forte consommation d'alcool sans intervention d’un tiers, le consentement peut être remis en question : "Une personne en état d’ébriété avancée ne peut pleinement consentir à une relation sexuelle. C’est une question que les tribunaux doivent parfois trancher".
Une sensibilisation nécessaire
Face à ces problématiques, des associations comme Modus Vivendi insistent sur la prévention et la sensibilisation.
Les campagnes ciblent non seulement les comportements à risque, mais aussi les moyens pour les victimes de surmonter les obstacles au dépôt de plainte.