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A cinq jours du premier tour d'élections législatives, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard ont défendu leur programme respectif lors d'un débat télévisé au cours duquel ont été abordés des sujets comme le pouvoir d'achat, les impôts, l'immigration, les binationaux, entre autres. Christophe Giltay analyse le fond et la forme de ce débat.
En France, les élections législatives se tiennent dans 5 jours. Hier soir, un grand débat opposait les trois principales forces en présence: le premier ministre Gabriel Attal, le président de l'extrême droite et le candidat de la gauche. Qui sort gagnant de ce débat?
C'est difficile à dire, déjà parce que c'était un débat à trois, donc c'est plus compliqué que quand c'est un débat à deux. Et ensuite il y avait de nombreux thèmes qui ont été évoqués, alors le pouvoir d'achat bien sûr, mais aussi la sécurité. Avec Jordan Bardella qui veut priver les parents de jeunes délinquants de leurs allocations familiales. Enfin c'était assez tendu et très vite, ça s'est transformé en duel entre Jordan Bardella et Gabriel Attal, notamment sur des questions très techniques comme la TVA.
Jordan Bardella propose de baisser la TVA sur les carburants à 5,5 % plutôt que 20 % et Gabriel Attal qui connaît très bien ces dossiers, c'est lui le ministre des Comptes publics, lui a dit c'est très simple ça va coûter 7 milliards la première année, 12 milliards la deuxième année, comment vous allez les trouver?
Pendant ce temps-là, le représentant de la gauche, Manuel Bompard, lui, restait sur son programme, social aussi bien sûr évidemment, puisqu'il propose notamment un salaire minimum qui monterait jusqu'à 1.600 euros par mois. Donc, le problème de Manuel Bompard c'est qu'il est un peu moins connu que les deux autres et donc même si son discours était plus posé et plus construit, ce n’est pas vraiment lui qui est sorti comme la vedette de ce duel.
Alors quant à savoir ce qu'il va advenir plus tard, c'est difficile à dire. Personnellement, comme journaliste, j'aurais tendance à dire que Gabriel Attal était plus compétent que Jordan Bardella sur bien des questions et notamment les questions économiques. Bardella s'est complètement pétré dans son projet sur la réforme des retraites puisqu'il avait dit qu'il voulait remettre les retraites à 60 ans et qu'à la fin, il a fini par admettre qu'il y aurait des gens qui travailleraient quand même jusqu'à 66 ans.
Gabriel Attal avait beau jeu de le mettre dans le mur sur des questions comme celles-là, mais ça ne veut rien dire parce qu'il y a le langage corporel qui joue beaucoup dans ces cas-là et le langage corporel de Jordan Bardella était plutôt bon hier.
Et quand il y a eu le débat pendant les européennes entre Bardella et Attal, la plupart des commentateurs, la plupart des journalistes ont estimé qu'Attal avait gagné. Oui, mais 65% des Français ont estimé que c'est Bardella qui avait gagné. Là, on risque de se retrouver devant à peu près le même cas de figure. Il y a le fond, il y a la forme et sur la forme, c'est probablement le représentant de l'extrême droite qui l'a emporté.