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En France, l'étau se resserre autour de la famille du petit Emile. Quatre proches ont été mis en garde à vue, dont Philippe Vedovini, grand-père de l'enfant, qui avait la garde d'Emile lorsqu'il a disparu.
Rompant avec la tradition de discrétion dans l'affaire de la disparition du petit Émile, le procureur a dévoilé les raisons de la garde à vue des deux grands-parents et de leurs deux enfants majeurs.
Si le procureur a agi de la sorte, c’est probablement pour anticiper d’éventuelles rumeurs sur les réseaux sociaux. La thèse de l’accident semble peu à peu s’éloigner au profit d’un acte criminel, volontaire ou involontaire. La présomption d’innocence est toujours de rigueur, mais les moyens d’investigation déployés depuis hier sont bien ceux qu’on utilise dans la recherche du moindre indice de culpabilité.
La maison du grand-père qui avait la garde de l’enfant lors de sa disparition a été passée au peigne fin par la police scientifique, ses véhicules ont été saisis, et les interrogatoires sont serrés. Philippe Vedovini, 59 ans "répond aux questions et est là pour qu'on s'approche de la vérité, en espérant qu'on y arrive", a déclaré Me Colombani son avocate.
De son côté, le parquet a confirmé qu’il n’y avait pour l’instant aucune mise en examen, mais la personnalité du grand-père pose bien des questions. Catholique traditionaliste, celui qui est aujourd’hui ostéopathe a, dans sa jeunesse, failli devenir moine. Entre 1991 et 1994, il a rejoint la communauté de Riaumont, dans le nord de la France, où il a prononcé des vœux monastiques temporaires.
Frère Philippe
Celui qu’on appelait frère Philippe appliquait le régime de fer propre à cet internat connu pour sa discipline paramilitaire. L’établissement a d’ailleurs été l’objet d’une enquête en 2013, pour violences et agressions sexuelles. À l’époque, l’ex-frère Philippe a témoigné. Il a toujours contesté les faits à connotation sexuelle, mais a reconnu avoir donné des claques et des coups de pieds aux fesses.
Dans son village, certains décrivent un ostéopathe accueillant et compétent. D’autres confient discrètement qu’il n’hésitait pas à donner des fessées et se disputait parfois avec son gendre sur l’éducation du petit Émile. Les écoutes téléphoniques qui ont conduit à la mise en garde à vue auraient révélé des dissensions entre les parents et les grands-parents.
Je passe pour un dominateur qui terrorise tout le monde
Interviewé par le magazine "Famille Chrétienne" en septembre 2023, le grand-père déclarait : "Je passe pour un dominateur qui terrorise tout le monde, tout cela est faux, mais je m’en moque". Ajoutant que sa famille bénéficiait du soutien des villageois. "La preuve que Dieu existe", disait-il, "c’est la bonté qui nous est témoignée chaque jour". Mais depuis hier, on n’en est plus aux déclarations, mais aux faits. Et notamment à l’étude de cette jardinière récupérée devant la chapelle et sur laquelle on aurait identifié des traces de sang et relevé des ADN.
Et puis il y a cet étrange suicide, le 15 mars, du père Claude Gilliot, 85 ans, qui avait baptisé le petit Émile. La famille lui reprochait d’avoir donné une de ses photos aux médias… A-t-il voulu, en commettant cet acte irréparable (qui, pour un chrétien, est un péché mortel), voulu échapper au terrible secret d’une confession qu’il ne voulait pas trahir ?
À me pencher sur cette affaire, je repense avec inquiétude à celle de Grégory Villemin , que j’ai couverte à l’époque… Quarante ans plus tard, on ne connaît toujours pas la vérité.