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"Je ne sais même plus quoi dire. Tout ceci est une mascarade, une hystérie, la paranoïa, l'hyper vigilance...", a déclaré Mohamed Abrini, vendredi matin, devant le tribunal civil de Bruxelles en référé. Il a affirmé à nouveau qu'il ne parlerait pas au procès des attentats du 22 mars 2016, dans lequel il est accusé, si ses conditions de transfert de la prison au palais de justice ne changent pas.
Comme cinq de ses co-accusés, Abrini a introduit une action devant le juge des référés contre l'État belge, dénonçant des conditions de transfert inhumaines et dégradantes. Les accusés évoquent des fouilles intimes à nu, la contrainte de porter un masque sur les yeux et l'imposition d'une musique à très haut volume sonore dans le fourgon. "Je compare le procès de Paris (relatif aux attentats du 13 novembre 2015, NDLR) avec ce qui est fait ici. À Paris, tout a été fait pour que les accusés soient placés dans les meilleures conditions possibles. Je n'avais pas de masque sur les yeux, pas de gilet pare-balle, pas de musique. J'ai écouté de la musique, mais ça, ce qu'on nous impose, c'est pas de la musique", a expliqué Abrini, sous-entendant que le son qui est imposé pour désorienter les accusés lors de leur transfert est agressif.
Certains ont parlé de musique "heavy metal", d'autres de "hard rock". "Je veux être ici mais sereinement, calmement. Nous, on n'a plus rien à perdre. On est déjà condamné lourdement", a dit l'accusé. "Pour venir ici (au Justitia à Haren, NDLR) c'est le parcours du combattant. Pour avoir un bic, un putain de bic, c'est compliqué", s'est-il emporté, parlant de "méthodes hitlériennes" de la police. "Dans ces conditions, moi je ne viendrai pas", a-t-il répété.
L'accusé Sofien Ayari a également pris la parole. Il a décrit ses conditions de transfert, en évoquant notamment le fait que ses co-accusés et lui n'ont pas de ceinture de sécurité dans le fourgon, à l'inverse des policiers. Comme ils sont menottés, ils ne peuvent donc pas "se rattraper" lors d'un freinage brusque du véhicule et chutent. Ali El Haddad Asufi, lui, a critiqué le fait que ces mesures de sécurité, qu'il juge disproportionnées, s'appliquent "à tout le groupe" sans distinction. Or, a-t-il dit, "moi j'ai besoin de ce procès pour prouver mon innocence. C'est ça l'enjeu, qu'on puisse avoir un procès serein. On dirait que tout est fait pour briser les accusés psychologiquement".
Bilal El Makhoukhi a également donné des détails sur les règles qui lui sont imposées. "On doit enlever le slip, le retourner et faire trois génuflexions pour voir si on n'a rien dans l'anus", a-t-il dit. Enfin, Hervé Bayingana Muhirwa a expliqué qu'avant d'être transféré sous régime de haute sécurité à la prison de Haren, pour le temps du procès, il était incarcéré à la prison de Namur, en "section ouverte", depuis trois ans. Il a déclaré que, dans le cadre d'un travail qu'il effectue en détention, il est amené à manipuler des ciseaux ou des cutters et que, subitement il se retrouve aujourd'hui dans une cellule vide de tout, et soumis à des mesures de sécurité extrêmes. "J'ai toujours pas compris", a-t-il lancé.