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Les grands consommateurs industriels d'électricité demandent jeudi, par le biais de la Febeliec, de suspendre la construction de l'île énergétique Princesse Elisabeth, au large de la Côte belge. En cause : la hausse des coûts liés à ce chantier.
Selon l'Echo et de Tijd, la facture finale de cette île construite par Elia pourrait s'élever jusqu'à sept milliards d'euros alors que le budget initial était de 2,2 milliards au total. Selon la Febeliec, fédération qui réunit les industries consommatrices d'électricité et de gaz en Belgique, le montant de 8 milliards d'euros est même évoqué.
Febeliec demande à Elia, gestionnaire du réseau à haute tension, et à la ministre de l'Énergie Tinne Van der Straeten (Groen) de mettre le projet "sur pause et de le réévaluer". Elia doit encore attribuer des contrats notamment pour la conversion en courant continu. "Nous demandons de ne plus signer de contrats pour le moment", explique Andreas Tirez, expert en questions énergétiques auprès de la Febeliec. Selon lui, la hausse des coûts s'explique par le marché tendu pour ce type d'infrastructure, étant donné que l'accent est désormais mis sur l'électrification massive. "Pourquoi ne pas attendre un ou deux ans ? Le temps que le marché se calme", propose M. Tirez.
La Febeliec remet cependant en question la construction même de l'île. Elle renvoie aux Pays-Bas où l'homologue d'Elia penche pour la construction d'une plateforme plutôt qu'une île. "Il s'agit d'une technologie existante et éprouvée. Les Danois ont également suspendu pour le moment leurs projets de construction d'une île énergétique", avance la fédération.
"Une entreprise normale ferait faillite avec un projet de plusieurs milliards d'euros dont les coûts deviennent incontrôlables. Elia ne fait que s'enrichir. C'est un système pervers", dénonce également Andreas Tirez. L'expert énergétique fait référence ici au système par lequel le gestionnaire du réseau peut répercuter dans la facture d'électricité des ménages et des entreprises une compensation pour les investissements consentis. "Il place ainsi l'éolien offshore en dehors du marché."
A partir de 2025, les tarifs liés à la haute tension doubleront sur la facture énergétique. La Febeliec a déjà averti que les entreprises grandes consommatrices d'énergie perdront ainsi en compétitivité et risquent de se retrouver en difficultés. Selon la fédération, les coûts liés à l'île énergétique ne sont même pas encore pris en compte dans cette augmentation. Selon elle, il existe un risque de "doublement supplémentaire des tarifs", ce qu'elle considère comme inacceptable. "Davantage entreprises risquent de mettre la clé sous la porte et l'électrification de l'économie risque d'échouer", s'alarme Andreas Tirez.