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Les prêts hypothécaires sur 40 ans font leur retour en Belgique. Eclaircissement sur ce qui peut changer pour vous.
Antoine Schuurwegen : Pour l'instant, une banque propose ce nouveau un crédit sur 40 ans. Est-ce une aubaine pour les jeunes candidats acheteurs ?
Gilles Quoistiaux : C'est une aubaine si on parle de mensualité, puisque vraiment cette offre, elle répond à un problème d'accessibilité à la propriété. On sait que les jeunes ont difficilement accès à la propriété. Et ce qui leur pose problème au niveau du pouvoir d'achat, c'est le niveau de la mensualité. Si on paye pendant plus longtemps, donc qu'on passe plutôt que de payer sur 30 ans, on va payer sur 40 ans, on aura des mensualités qui seront plus faibles et donc un accès plus simple à la propriété. Mais attention, c'est vraiment un acteur de niche qui propose un petit produit qui est conditionné : c'est vraiment pour les jeunes qui ont moins de 27 ans et c'est aussi pour des habitations qui sont très économes en énergie et il faut apporter 20% en fonds propres.
A.S : Si les mensualités diminuent, attention parce qu'au final, l'emprunt coutera beaucoup plus cher...
GQ : Il faut faire attention évidemment à son calcul. Si on n'a pas suffisamment de liquidités disponibles, c'est intéressant par mois de payer un petit peu moins. Mais sur la durée de l'emprunt, évidemment sur 40 ans, on va payer nettement plus cher. On a fait quelques calculs : si on prend une mensualité sur 25 ans et qu'on compare à la mensualité sur 40 ans et qu'on a le même taux, on va payer au final au total 72 000 euros de plus sur l'ensemble de la durée. Mais il y a cet accès quand même qui est facilité grâce à la mensualité qui est plus faible.
A.S : Est-ce que tout le monde peut obtenir ce prêt ?
GQ : Non, justement, il y a vraiment des conditions. Cette offre est très spécifique, c'est vraiment les jeunes moins de 27 ans. Aussi, les banques font attention parce que prêter sur 40 ans, c'est plus risqué pour la banque elle-même. Les conditions sont donc relativement strictes. Pourquoi ? Car ce sont des habitations économes en énergie. Parce qu'on sait que si on prête à un emprunteur qui va acheter ce qu'on appelle une 'passoire énergétique', à ce moment-là, il va payer énormément de frais supplémentaires et peut-être que son pouvoir d'achat sera diminué et qu'il aura des difficultés aussi à rembourser. Il y a aussi cette condition de fonds propres de 20 %. Ce n'est donc pas accessible à tout le monde aujourd'hui.
A.S : Doit-on s'attendre à ce que d'autres banques proposent des crédits sur 40 ans ?
GQ : Ce qu'on a vu, en tout cas ces dernières années, avec la hausse des taux sur le marché, c'est que les banques ont proposé petit à petit des prêts sur des durées plus longues. Donc, on est passé de 20 à 25. Aujourd'hui, la plupart des grandes banques proposent des emprunts hypothécaires à 30 ans. Est-ce qu'ils vont s'aligner sur cette proposition de 40 ans ? Ça, probablement pas, parce que c'est quand même un emprunt qui est aussi risqué pour la banque car elle emprunte aussi elle-même sur les marchés. Donc, s'exposer à un retournement de marché sur 40 ans plutôt que sur 30 ans, c'est plus risqué pour elle aussi. Il y a aussi la possibilité que l'emprunteur n'arrive pas non plus à un moment à rembourser parce qu'il a, par exemple, une déconvenue professionnelle. Sur 40 ans plutôt que sur 30 ans, les risques sont aussi plus élevés.