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Abou Mohammad al-Jolani, le chef des rebelles syriens, est l’homme qui a réussi à faire tomber Bachat Al Assad et son régime. Si son discours hier à la Mosquée des Omeyyades a rassuré sur ses intentions, l’homme a aussi du mal à faire oublier son passé.
A la tête de la branche d’Al Quaïda en Syrie jusqu’en 2016, Abou Mohammad al-Jolani avait encore confié en 2021 à un journaliste américain le bonheur qu’il avait ressenti lors de la chute des tours du World Trade Center le 11 septembre 2001.
S’il a encore passé les dernières heures à demander à ses combattants d’être "doux et aimables avec le peuple syrien dans les villes et les villages", reste une question essentielle: un ancien d’Al Quaïda peut-il vraiment changer et quelle place accorde son organisation islamiste, Hayat Tahrir al-Sham, aux femmes?
Selon des spécialistes du monde arabe interrogés par Peggy Simono, l'organisation qui a renversé le régime syrien ne traiterait pas les femmes à la manière de l'Etat islamique ou des talibans.
La Syrie sur laquelle le professeur Bichara Khader a beaucoup travaillé, a été historiquement une société multiconfessionnelle et multiethnique où les femmes ont joué un rôle actif, dans l'économie, la culture et la politique. Il ne croit pas que les "nouveaux maîtres de la Syrie" iraient jusqu'à imposer aux femmes syriennes un code vestimentaire, ou chercheraient à les confiner dans des rôles subalternes.
Ce ne serait pas dans l'intérêt d'Abou Mohammad al-Jolani : on ne déboulonne pas un régime tyrannique comme celui des Assad
pour mettre à la place un pouvoir encore plus radical.
Ceci dit, bien qu'elle soit une société ouverte, la Syrie demeure une société conservatrice sur le plan des mœurs et la situation diffère d'une ville à l'autre. Hama, par exemple, est une ville essentiellement sunnite où les femmes sont soumises à un code de comportement plus strict. Alep et Damas sont des villes pluriconfessionnelles où les femmes jouissent de davantage de libertés.
Et si Damas est une alliée de l'Iran; jamais le modèle iranien ne s'est imposé en Syrie.
Pour autant, il ne faut pas s'attendre à ce qu'un modèle scandinave soit mis en place, mais ce ne sera pas non plus le modèle taliban. Comme le dit l'une de ces spécialistes du Moyen-Orient, il reste évidemment "le bénéfice du doute".
Selon le professeur Khader, il est recommandé de ne pas étiqueter un régime qui est encore dans les limbes, en le qualifiant de "régime islamiste radical ou djihadiste", et donc de forcément misogyne et antiféministe.
Retrouvez Vous êtes dans le journal tous les soirs du lundi au vendredi à 18h sur bel RTL avec Peggy Simono et Thibaut Roland.