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Le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGR) anonce suspendre temporairement le traitement des demandes d'asile de Syriens.
Le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA) a décidé de suspendre temporairement le traitement des demandes d'asile des Syriens, a-t-il indiqué lundi, confirmant une information du quotidien De Standaard.
Selon le porte-parole de l'administration, Olivier Brasseur, la situation en Syrie est actuellement trop floue pour évaluer le risque d'un éventuel retour. "Nous avons décidé aujourd'hui de suspendre temporairement le traitement des demandes d'asile des Syriens, sauf pour les personnes qui bénéficient d'un statut dans un autre État membre de l'Union européenne, puisqu'il n'y a alors pas de crainte vis-à-vis du pays d'origine", a-t-il expliqué.
Concrètement, les candidatures seront mises "en attente" jusqu'à ce que la situation dans le pays soit plus claire. "En attendant, les gens ont toujours le droit d'être hébergés", a poursuivi le porte-parole.
Au cours des dix dernières années, environ 35.000 Syriens ont bénéficié d'une protection de la Belgique. En 2024, ils représentent une nouvelle fois la première nationalité en termes de demandes d'asile (4.725).
La secrétaire d'État à l'Asile et la Migration, Nicole de Moor (CD&V), a déclaré avoir "demandé à (ses) services de suivre de près la situation". "Le statut de réfugié n'est pas nécessairement éternel. Si la situation en Syrie s'améliore durablement, je demanderai au CGRA de réexaminer le statut des Syriens arrivés ici au cours des cinq dernières années. Mais il est encore trop tôt pour cela", a-t-elle dit, en précisant que ses services ne vont "pas révoquer le droit de séjour des personnes qui se sont intégrées ici de manière permanente et qui, par exemple, travaillent ici, parlent bien le français et ont des enfants en âge d'aller à l'école".
"Nous pouvons aussi aider les personnes qui souhaitent rentrer maintenant. Notre pays dispose d'un système d'accompagnement bien développé en matière de retour volontaire", a ajouté Mme De Moor.
D'autres pays européens
L'Allemagne, pays de l'UE qui accueille la plus importante diaspora syrienne, a suspendu les décisions sur les demandes d'asile en cours d'exilés syriens au lendemain de la chute de Bachar al-Assad, a annoncé lundi la ministre de l'Intérieur.
Etant donné "l'incertitude actuelle", l'Office fédéral de l'immigration et des réfugiés a "décrété aujourd'hui un gel des décisions pour les procédures d'asile actuellement encore en cours" des exilés Syriens, a déclaré Nancy Faeser dans un communiqué.
L'Autriche a elle aussi décidé de suspendre les demandes d'asile des réfugiés de ce pays et préparer "un programme d'expulsion". "A partir de maintenant, l'ensemble des procédures en cours vont être stoppées", a déclaré le ministère de l'Intérieur autrichien dans un communiqué.
Environ 7.300 dossiers sont concernés par cette décision parmi les quelque 100.000 Syriens vivant en Autriche, un des pays qui en a accueilli le plus en Europe.
"Une soudaine accélération des événements"
Le cas de ceux qui se sont déjà vu accorder l'asile va également être réexaminé. Le regroupement familial est de même suspendu.
"Dans ce contexte, j'ai chargé le ministère de préparer un programme de rapatriement et d'expulsion vers la Syrie", a ajouté le ministre de l'Intérieur Gerhard Karner. "La situation politique en Syrie a fondamentalement changé, avec une soudaine accélération des événements ces derniers jours", a souligné le ministère, jugeant "important de réévaluer la situation".
Depuis 2015, environ 87.000 Syriens ont reçu une réponse positive à leur demande d'asile dans le pays de neuf millions d'habitants. Mais le chancelier conservateur Karl Nehammer a durci les mesures ces dernières années face à la poussée de l'extrême droite, qui a remporté pour la première fois les législatives fin septembre. Faute de partenaires pour gouverner, elle est exclue des négociations en cours pour former un nouveau gouvernement.
Le président Bachar al-Assad a fui la Syrie, chassé par une offensive spectaculaire des rebelles islamistes, un tournant de l'histoire qui a mis fin dimanche à un demi-siècle de règne sans partage de son clan familial.
Tout en saluant la chute du pouvoir, plusieurs pays ont exhorté les Syriens à éviter le piège de l'extrémisme.