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Certains Syriens de Belgique veulent rester là où ils ont trouvé refuge: "Je veux terminer mes études"

Alors que la chute de Bachar al-Assad en Syrie continue de susciter des réactions diverses, certains Syriens de Belgique expriment leur souhait de rester là où ils ont été accueillis. La Belgique, où ils ont trouvé refuge il y a parfois une dizaine d'années, est à présent l'endroit où ils mènent une vie paisible, où ils travaillent et où leurs enfants étudient.

Depuis le début de la guerre en Syrie, 44 000 Syriens ont trouvé protection en Belgique, selon les chiffres officiels. Pour ces familles, la sécurité est un enjeu majeur et la Belgique est devenue leur nouveau foyer. Yazun, un jeune Syrien arrivé il y a 7 ans. Il ne voit aucun sens à retourner en Syrie, même après le départ du dictateur Bachar al-Assad. Il considère que là-bas, rien ne l'attend: "On n'a pas d'école, on n'a pas de Wifi, on n'a pas d'eau, d'électricité, décrit-il. Si je vais maintenant dans ma maison, je ne sais pas si elle va rester debout. Moi, ça fait 7 ans que je suis ici. Je veux avoir le CESS (Certificat d'enseignement secondaire supérieur), et après, la nationalité belge."

Même sentiment pour sa soeur, Retaj, qui étudie en Belgique depuis l'âge de 9 ans. Selon cette jeune femme, le futur se dessine également en Belgique : "Ma famille en Turquie, la famille de mon père et de ma mère, tout le monde veut retourner en Syrie maintenant. Mais pas moi, je veux rester [en Belgique] avec mes frères". Leur père partage leur sentiment: "Si je retourne en Syrie, c'est pour passer un séjour, aller voir la famille. Et puis je reviens", explique Youssef.

Pour François Gemenne, spécialiste des questions migratoires, le retour des Syriens exilés se fera par phase et avec le temps. D'abord, les déplacés à l'intérieur de la Syrie, qui sont, rappelons-le, majoritaires : "On observe un retour assez massif en Syrie des personnes déplacées dans leur pays, à savoir deux tiers des personnes exilées, rappelle l'expert. Pour ceux qui sont exilés en Europe et qui bénéficient d'un statut de réfugiés, là, c'est moins évident. D'abord, parce qu'il faut rappeler que si on retourne dans son pays d'origine, on perd automatiquement son statut de réfugié, qui est un statut très protecteur. Je pense que certains vont, logiquement, attendre quelques temps de voir quel est le nouveau régime qui va se mettre en place." 

De plus, le spécialiste rappelle que la guerre dure depuis douze ans: "Entre temps, certains se sont intégrés ici, ils ont trouvé un emploi, leurs enfants y sont scolarisés, peut-être y ont-ils fondé une famille. Certains ont développé une vraie vie sociale en Europe qu'il sera peut-être difficile de quitter".

Face à cette incertitude, Senaa et Salim, qui vivent en Belgique avec cinq de leurs huit enfants, expriment leur souhait de rester en Belgique pour garantir l'avenir de leur famille : "Selon moi, personne ne veut rester en Syrie, même sans Bachar al-Assad. Ma sœur ne demande que ça. Il faudra au moins dix à vingt ans pour se relever. Le pays est détruit."

La désolation, l'insécurité et l'incertitude demeurent des obstacles majeurs pour les Syriens qui ont fait le choix de reconstruire leur vie en Belgique, laissant derrière eux un pays marqué par la guerre.

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