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Le prestigieux Ballon d'Or récompense chaque année le meilleur joueur de football de la saison. Le processus de vote ne cesse d'évoluer, voici de quoi y voir plus clair dans l'un des moments sportifs les plus marquants de l'année.
Qui est le meilleur joueur de football de la saison 2023-2024 ? La réponse est difficile à donner, tant la question est subjective. Heureusement, un prix existe pour les départager, il s’agit du célèbre et prestigieux Ballon d’Or.
Chaque année, des journalistes sportifs de 100 pays votent pour élire celui et celle qui auront le plus marqué le football cette saison.
La 68ème édition, qui a lieu ce lundi 28 octobre 2024, est toutefois bien différente des autres années. Pour la première fois depuis 21 ans, il n'y aura ni Messi, ni Ronaldo. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le mystère est total sur le gagnant, le jeu n’a jamais été aussi ouvert.
Il y a une nouvelle génération qui se met en place, il y a de nouveaux favoris
"C'est vrai que les années précédentes, il y avait une certaine récurrence avec, chaque fois, des Messi et des Ronaldo qui s'imposaient, qui dépassaient tout le monde. Il n'y avait rien à faire, ils faisaient partie des géants du football qu'on avait du mal à détrôner", explique notre journaliste Anne Ruwet. "Désormais, il y a une nouvelle génération qui se met en place, il y a de nouveaux favoris. Et depuis deux ans surtout, il y a de nouveaux critères"
Une autre différence qui ajoute beaucoup de suspense cette année : pour la première fois, le lauréat découvrira son prix en direct, ce qui n’était pas le cas auparavant. "Ça fait partie aussi du côté dramatisation. Un grand événement, ça fait parler, il faut du suspense, il faut ce type de chose qui nous tient en haleine, sinon ça ne marcherait pas". Les gagnants savaient, jusqu'ici, qu'ils avaient remporté le Ballon d'Or et de plus, l'information avait tendance à fuiter dans la presse.
Comment le joueur et la joueuse de la saison sont-ils choisis ?
Le processus pour choisir le Ballon d'Or a beaucoup changé à travers les années. À sa création, par le magazine France Football, seuls les joueurs de nationalité européenne pouvaient gagner le prestigieux trophée. Cela a changé en 1995 jusqu'en 2006, lorsque le Ballon d'Or a pu être attribué aux meilleurs joueurs évoluant dans un championnat européen, sans distinction de nationalité. Depuis 2007, il n'y a plus de distinction de championnat, ni de nationalité.
Désormais, le processus est le suivant : 100 journalistes spécialisés (170 avant 2022) des 100 premiers pays au classement mondial de la FIFA choisissent parmi une liste de 30 joueurs candidats. Pour le Ballon d'Or féminin, ce sont 50 journalistes.
They're all here!
— Ballon d'Or (@ballondor) September 4, 2024
But... who should win it? #ballondor pic.twitter.com/SrkHBrJtuI
Cette année, et pour la première fois, les votants ont établi une liste de 10 joueurs (qui était de 5 les années précédentes) dans un ordre spécifique, avec des points : 15, 12, 10, 8, 7, 5, 4, 3, 2 et 1 points.
Ce qui a vraiment changé ces dernières années, ce sont les critères de vote qui sont désormais "plus sains", selon Anne Ruwet. Ces trois critères sont les suivants :
- Performances individuelles et caractère décisif du joueur (critère principal)
- Performances collectives et palmarès
- Classe du joueur et fair-play
Désormais, depuis deux ans, ce sont vraiment les performances individuelles qui comptent
"En fait, toutes ces cases étaient différentes les années précédentes, parce que souvent, on avait des joueurs qui n'étaient pas assez bankable, donc pas assez vendables. Cela veut dire qu'on jugeait les performances, mais on avait aussi besoin de joueurs un peu bling bling. Et donc désormais, depuis deux ans, ce sont vraiment les performances individuelles qui comptent et pas tout l'aspect marketing et 'fan club' qui pourrait y avoir autour", complète notre journaliste.
Autre différence importante à noter : le passage du meilleur joueur du monde au meilleur joueur de l'année. "Il y a eu la suprématie Messi, Ronaldo qui est incontestable ou presque. Mais du coup, il y a quelques Ballons d'Or qui leur ont été remis parce qu'ils étaient, factuellement les meilleurs joueurs du monde, mais pas les meilleurs joueurs de l'année", explique Alexandre Braeckman, également journaliste sportif RTL info.
Plus concrètement, désormais, le jury s'intéresse à la saison (d'août à juillet) et non plus à l'année civile, comme c'était le cas depuis 1956. "C'était très bizarre, parce qu'on demandait aux votants de voter sur des joueurs qui ont joué deux demi-saisons. En gros, l'une qui allait de janvier à juillet/août et d'août à décembre. Cela fausse le résultat", justifie-t-il.
Le meilleur joueur de l'année, vraiment ?
Les changements apportés dans le vote du Ballon d'Or, sont-ils suffisants pour s'assurer que le gagnant est bien le meilleur joueur de la saison ?
Pour Anne Ruwet, les critères sont plus "objectifs et pragmatiques" : "Il y a quelques années, il y a des joueurs qui auraient pu revendiquer ce Ballon d'Or. Mais ils n'étaient pas assez 'vendables'. Cristiano Ronaldo passait devant, parce que c'est plus sexy d'avoir sa photo avec le Ballon d'Or. Désormais, depuis deux ans, je trouve que ce sont des valeurs plus saines, avec des joueurs qui sont jugés sur les performances sur le terrain et pas sur tout ce qu'il y a autour, tout ce qui 'pollue' un petit peu le football. Donc on retrouve les valeurs premières, je pense, du sport et du football et ça, c'est très bien", répond la spécialiste.
C'est impossible de faire quelque chose d'objectif
Alexandre Braeckman admet également que ces changements sont positifs : "Maintenant, c'est clair, on connaît les critères, on connaît le nombre de votants, on sait qu'il n'y a rien de très obscur". Le journaliste rappelle toutefois que le Ballon d'Or "ne sera jamais objectivable" : "C'est impossible de dire que joueur-là est factuellement le meilleur, parce qu'il y a tellement de critères qui peuvent rentrer en ligne de compte et que le football étant un sport d'émotions, c'est impossible de faire quelque chose d'objectif", estime-t-il.
Pourquoi le Ballon d'Or est-il si convoité ?
C'est le trophée dont tous les joueurs professionnels et clubs de football rêvent. Ce n'est pourtant pas le seul prix à obtenir au cours d'une carrière. Anne Ruwet explique que le Ballon d'Or a "une excellente réputation" qui s'est forgée à travers son histoire. Aujourd'hui, "c'est un moment clé dans une saison, tous les regards sont tournés vers la France et vers ce fameux Ballon d'Or".
"Je pense que par le passé, les gagnants ont été une superbe vitrine pour cet événement qui a su capitaliser là-dessus. Le fait d'avoir des Ronaldo et des Messi qui sont venus, physiquement, chercher leur Ballon d'Or avec quelques moments forts, ça reste marquant dans l'histoire du football parce que ce sont des choses qui dépassent le cadre du sport", explique encore la journaliste.
Pour un joueur de foot, il y a un avant et un après
Ce prestige est, bien sûr, plus que bénéfique pour la carrière d'un joueur : "C'est clair que c'est plus qu'une ligne sur le palmarès. Pour un joueur de foot, il y a un avant et un après", confirme Anne Ruwet. Le joueur, qui est désormais inscrit dans l'histoire du sport, gagne en réputation, influençant positivement sa carrière, ses contrats futurs et ses opportunités de sponsoring. Sa valeur sur le marché augmente également. Certains joueurs ont même des clauses financières dans leur contrat qui les récompensent s'ils remportent le Ballon d'Or.
D'autres prix prestigieux à remporter
La cérémonie du Ballon d'Or, qui dure près de trois heures, ne récompense pas seulement le meilleur joueur de la saison. Outre le Ballon d'Or féminin, qui existe depuis 2018, d'autres prix sont attribués, dont deux pour la toute première fois : Entraîneur masculin de l'année et Entraîneur féminin de l'année.
Les spectateurs attendent le trophée Kopa, qui récompense le meilleur jeune joueur de l'année, le trophée Yachine, pour le meilleur gardien de but, le trophée Gerd Müller, le meilleur buteur de l'année en club et en sélection, le club de l'année ou encore le prix Sócrates pour l'engagement social d'un footballeur professionnel.