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Vingt-et-un mois après le crash, le procès de Pierre Palmade s'était ouvert ce mercredi à Melun pour le grave accident de la route qu'il a causé en Seine-et-Marne sous l'emprise de stupéfiants. En moins de 24 heures, le jugement a été rendu.
On apprend ce mercredi soir que Pierre Palmade, jugé pour blessures involontaires aggravées après le grave accident de voiture provoqué sous drogues en février 2023 en Seine-et-Marne, sera finalement condamné à cinq ans de prison dont deux ferme.
"Vous serez très prochainement convoqué par le procureur de Bordeaux (où il réside désormais, ndlr) qui déterminera la date et l'établissement pénitentiaire dans lequel vous exécuterez deux ans de détention", a expliqué le président du tribunal à Pierre Palmade.
Rappel des faits de la journée
Pierre Palmade a été appelé à la barre ce mercredi. Il s'est adressé à la présidente : "Je voudrais leur demander pardon. Je crois qu'ils ne veulent pas, mais je voudrais", a-t-il lancé. Il s'est ensuite retourné pour s'adresser aux victimes de l'accident qu'il a provoqué, présentes dans la salle. "Je voudrais vous demander pardon au plus profond de moi, sincèrement", a-t-il prononcé.
L'humoriste français Pierre Palmade s'est dit "accablé" par les graves blessures physiques et psychologiques causées aux victimes de l'accident de la route qu'il a provoqué sous l'emprise de drogues en février 2023, en région parisienne. "Les graves blessures de M. Y. et le traumatisme de Mme C. (qui a perdu son fœtus, NDLR), ça m'a mis par terre. Je suis vraiment accablé, éprouvé de les voir en vrai", a déclaré à la barre du tribunal correctionnel de Melun l'artiste de 56 ans, sa première expression publique dans cette affaire ultra-médiatisée.
"Déni total"
Mila, la jeune femme enceinte de six mois au moment de l'accident, a aussi été appelée à la barre. Elle évoque la perte de son bébé dans son accident : "Quand elle est née, j’étais dans un déni total. Pour moi, je venais d’accoucher. Solin, je l’avais portée dans les bras. Pour moi, elle était en train de dormir. Je pensais qu’on allait en prendre soin. Elle était morte", explique Mila en larmes, comme rapporté par nos collègues de BFMTV.
La jeune femme est tombée enceinte depuis l'accident et a accouché d'une petite Lawmin, il y a deux mois. "Je n'ai pas pu m'attacher à mon enfant pendant la grossesse", confie la mère de famille. Elle explique ne pas parvenir à prendre sa fille dans ses bras, car tout la ramène à la mort de Solin. "Je l’aime beaucoup ma fille. C’est très difficile pour moi de la prendre dans le bras."
L'enfant était viable au moment de l'accident
L'audience a démarré directement par une demande de l'avocat des victimes de l'accident, selon BFMTV. Me Moura Battikh évoque le statut du fœtus : "Mila était enceinte de six mois. On sait aujourd’hui que cet enfant, Solin puisque c'est le nom choisi par ses parents, était viable au moment de l’accident", rapporte l'avocat. "La viabilité, c’est 22 semaines et 500 grammes, d’après les critères de l’OMS. Mila en était à 27 semaines et à 1.080 gramme."
Après la césarienne, les médecins n'ont pas constaté de mouvement ou de respiration. Au regard du droit, l'enfant est né viable, mais pas vivant. Symboliquement, la présidente du tribunal demande à Pierre Palmade : "Acceptez-vous d'être jugé pour homicide involontaire ?", ce à quoi l'humoriste a répondu :"Non", à la barre, avant de retourner à sa place, le regard toujours aussi hagard, rapportent nos confrères de BFMTV.
Entré dans le tribunal par une porte dérobée pour échapper à la nuée de caméras, Pierre Palmade est assis sur le banc des prévenus entre ses avocats, teint livide, visage creusé, regard dans le vide, vêtu d'une veste noire sur une chemise blanche. Appelé à la barre à l'ouverture de l'audience devant le tribunal correctionnel, il y a décliné son identité d'une petite voix.
Trois blessés graves
Le 10 février 2023 en fin de journée, l'homme de théâtre et de télévision prend le volant pour aller faire des courses, après plusieurs jours de fête et de consommation débridée de drogues. Sur une route du sud du département, sa voiture percute un véhicule venant en face. Outre le comédien d'alors 54 ans, l'accident fait trois blessés graves d'une même famille : un homme de 38 ans, son fils de six ans et sa belle-sœur de 27 ans, qui perd après le choc le bébé qu'elle attendait.
Un accident corporel de la route parmi les 52.000 recensés en France métropolitaine cette année-là. Mais du fait de la notoriété du mis en cause, cette collision-ci va exploser en une tempête médiatique d'une rare intensité. Au fil des révélations en cascade sur le mode de vie et les addictions de cet artiste à la dérive, le grand public découvre avec stupeur la face sombre d'un humoriste populaire, bien qu'un peu passé de mode, qui mettait en scène depuis 30 ans sa lutte contre ses terreurs existentielles.
Après une grosse année d'information judiciaire, la juge d'instruction a renvoyé fin mai Pierre Palmade devant le tribunal correctionnel de Melun du seul chef de blessures involontaires, aggravées par la prise de drogues. Elle n'a pas retenu la qualification d'homicide involontaire, que le parquet avait requise pour la perte du foetus en estimant que cette épineuse question à la confluence de la bioéthique et du droit méritait un "débat devant la juridiction de jugement".
Débats juridiques
"Ce choix du magistrat instructeur est à mon sens hautement contesté et contestable, il doit donc être discuté", a déclaré l'avocat des trois victimes de l'accident, Me Mourad Battikh, en début d'audience.
Dans la foulée de l'accident, le bébé est extrait en urgence par césarienne du ventre de sa mère à six mois de grossesse, mais déclaré mort après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine. Or, selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui s'est prononcée sur des cas semblables d'accidents de la route, un enfant qui n'est pas né vivant n'existe pas en tant que personne légale.
"Dans ce dossier, tout le monde est d'accord pour contester une jurisprudence absurde", a estimé Me Battikh. En cette fin de journée de février 2023, Pierre Palmade a une importante quantité de cocaïne et de 3MMC (une drogue de synthèse) dans le sang lorsqu'il prend le volant avec deux compagnons de "bringue", qui n'ont pas été poursuivis.
Concernant cette consommation de drogue liée aux pratiques sexuelles, le comédien a indiqué aux juges: "On est vraiment comme des zombies, des légumes, nus, ensanglantés". Avant de préciser: "Je nous vois tous les trois sortir euphoriques de la maison et après c'est le noir, j'ouvre les yeux et je suis (à l'hôpital du) Kremlin-Bicêtre", raconte celui qui dit n'avoir aucun souvenir de l'accident.
Son heure de gloire des années 1990-2000 derrière lui, lourdement endetté, l'humoriste est tellement englué dans sa toxicomanie qu'il n'arrive plus à travailler.
Sur la départementale 372 au niveau de Villiers-en-Bière, la Peugeot 3008 de sa société de production se déporte sur la voie de circulation inverse et percute de plein fouet la Renault Mégane de la famille Y., qui arrive en sens inverse.
Les membres de la famille blessée subissent encore les séquelles physiques et psychologiques de l'accident.
Pierre Palmade se trouve en état de récidive légale en raison d'une condamnation en 2019 pour usage de stupéfiants. Il encourait une peine de quatorze ans d'emprisonnement et 200.000 euros d'amende.