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Le directeur général de la prison de Saint-Gilles à Bruxelles épingle les conditions déplorables dans les prisons pleines à craquer de notre pays. "La bombe explose", prévient Vincent Spronck. Selon lui, la situation est réellement préoccupante.
Actuellement, il y a 12.941 prisonniers en Belgique. Il s’agit d’un chiffre record. On n’en a jamais connu autant alors que 11.040 places sont disponibles dans l’ensemble des prisons belges.
Face à cette surpopulation carcérale devenue ingérable, les agents pénitentiaires entament des actions de grève et les directeurs de prison tirent la sonnette d’alarme. Vincent Spronck confie être particulièrement inquiet.
"Si on a encore quelques entrants, on va avoir des matelas par terre. Pour l'instant, Saint-Gilles ne connaît pas de matelas par terre", indique Vincent Spronck. Au total, il y a 36 prisons dans notre pays. Et dans 16 d’entre elles, 267 détenus dorment sur un matelas par terre. "Si ça continue comme ça, ce week-end, il y a des matelas au sol à la prison de Saint-Gilles", craint-il.
C'est un matelas en mousse déjà fort utilisé et qui sent mauvais
"Et il faut voir ce que c'est un matelas de prison, ce n’est évidemment pas un Lattoflex. C'est un matelas en mousse qui a été utilisé par bien des personnes avant vous, donc qui sent mauvais, pour le dire clairement, que l'on jette par terre, et il n'y a plus moyen de circuler dans cette cellule-là, puisqu'il y a déjà un lit superposé où il y a deux personnes. Vous mettez un matelas par terre, qui occupe le reste de place légèrement disponible entre la table, la toilette et la petite armoire dans laquelle vous pouvez mettre vos affaires. Et donc, trois dans neuf mètres carrés, ce sont des problèmes qui deviennent totalement ingérables", déplore Vincent Spronck.
Comme il le souligne, ces trois détenus sont des personnes différentes, qui ne se connaissent pas et qui n’ont pas choisi d’être ensemble dans un espace aussi restreint. "Ils peuvent connaître des problématiques différentes. Il y a un toxicomane, par exemple, il y a un gars qui fume, il y a un gars qui veut juste avoir la paix ou qui a des problèmes de maladie mentale. Vous mettez trois personnes de profils aussi différents dans une cellule, même deux déjà, normalement ce sont des cellules pour une personne. Donc vous en mettez deux ou trois, vous avez quelque chose qui explose", met en garde le directeur.
On a des agressions quasi tous les jours
Cette situation engendre inévitablement de la violence. "Il y a des bagarres au préau, quand ils sortent... Ce n'est pas une bombe à retardement dans les prisons. La bombe, elle explose pour l'instant. On a des agressions quasi tous les jours", assure le directeur de prison.
Vincent Spronck comprend dès lors les actions de grève menées par les agents pénitentiaires qui sont à bout. "Ils sont en première ligne, ils doivent gérer l'ingérable. Ils s'occupent de tout. Nos agents courent comme des lapins, ça n'arrête pas", explique-t-il.
"C'est insupportable de travailler en prison pour l'instant. Il y a beaucoup trop de monde et pas assez d'agents, dans des conditions dégueulasses. Comment vous voulez que ça marche ?", demande le directeur de prison.