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Jusqu'où sommes-nous capables d'aller pour avoir peur ? "Crier, ça me libère"

À l’approche d’Halloween, on s’intéresse à la peur, cette émotion que l’on cherche à provoquer lors de cet événement à travers des araignées, des clowns ou encore des fantômes. D’où vient cette émotion ? Sommes-nous égaux face à l’effroi ? Pourquoi certains aiment s’y confronter alors que d’autres ne le supportent pas du tout ? La peur peut être ludique ou provoquer des phobies.

L’émotion de la peur peut être adorée ou détestée, mais elle ne laisse jamais indifférent. Chacun de nous y réagit différemment. Pour ces cinq amis, l’horreur est une passion commune. À la recherche de cette sensation, ils participent à un jeu d’évasion sur le thème de l’horreur. Le décor ? Une maison hantée de poupées. "J’aime avoir peur et ressentir l’adrénaline. Crier me permet de me libérer, et après, je me sens apaisée", raconte une participante.

On est plongé dans l'ambiance 

Entrer dans cet univers leur permet de lâcher prise. Ces amateurs de frissons recherchent volontairement les effets de la peur. Celle-ci déclenche des hormones, notamment l’adrénaline, qui accélère le rythme cardiaque, et le cortisol, qui tend les muscles. "Dès qu’on entre, on est plongé dans l’ambiance. On se demande si on va oser ou non participer", explique Cathy, une autre joueuse. "Je crie dès qu’un événement inattendu survient."

La peur est donc une émotion idéale pour favoriser l’immersion. Pour Audrey Tanase, game master et manager, "la peur est une émotion tellement forte qu’elle prend le dessus. Bien utilisée, elle peut être un excellent exutoire et permet de s’évader." Bruno Humbeeck, professeur de psychopédagogie à l’UMons, ajoute : "C’est un contexte ludique où la peur, bien réelle, n’est pas perçue comme un problème intellectuel. On ne s’en inquiète pas vraiment."

L'horreur, un succès au cinéma

L’horreur reste une thématique populaire au cinéma. Pour Halloween, ce cinéma organise chaque année des soirées spéciales. Christelle accompagne son fils, même si elle déteste avoir peur. "Je déteste être effrayée. Je suis ici uniquement pour lui faire plaisir !" La majorité des spectateurs, cependant, adorent les films d’horreur. Un cas particulier : Sandy les trouve amusants. "Ça me détend, en fait. Je ne suis pas du tout psychopathe ! Mais je trouve généralement ces films mal faits ou exagérés. Cela me donne de l’adrénaline, et on s’amuse."

Dans ce cinéma, on essaie de toujours avoir un film d’horreur à l’affiche, car la peur attire. "Les clients, surtout les plus jeunes et en particulier les femmes, aiment beaucoup se faire peur", précise Müge Sivlin, manager d’un cinéma.

Les limites de la peur

Toutefois, nous ne réagissons pas tous de la même manière à la peur. Cette émotion peut éveiller des sentiments variés. "Je ne sors pas de ma zone de confort pour regarder des films d’horreur", confie un jeune spectateur. Bruno Humbeeck précise : "Il y a deux possibilités. Soit on s’amuse avec la peur, sans que cela n’éveille pas d’inquiétudes, et on la laisse dans l’espace du jeu. Soit elle déclenche de vraies inquiétudes, et là, il vaut mieux ne pas jouer avec."

Dans un cadre tout différent, un centre psychiatrique aide ceux qui n’aiment pas la peur à la gérer. La réalité virtuelle est utilisée comme outil thérapeutique. "L’objectif est de devenir ami avec la peur, de la transformer en quelque chose qui ne nous paralyse plus. On s’y expose progressivement, jusqu’à ce qu’elle devienne gérable", explique Lauriane Fabry, psychologue.

Notre rapport à la peur dépend de notre histoire personnelle. "La génétique joue aussi un rôle. Certaines personnes sont plus ou moins programmées pour ressentir la peur. Ensuite, il y a toute l’histoire de vie de chacun", souligne Matthieu Hein, chef du service de psychiatrie au CHU Brugmann.

Dans les films d’horreur, la fin ramène souvent la frayeur quand on pense que tout est résolu. La peur, même lorsqu’elle est maîtrisée, ne disparaît jamais complètement.

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