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"Je suis restée 10 mois sur liste d'attente": faute de place dans les maisons d'accueil, des maisons pirates font leur apparition

Il y a deux jours, une résidence pour personnes vulnérables d'Ere, dans le Tournaisis, a été fermée par les autorités. Plusieurs plaintes pour maltraitance avaient été déposées. Il s'agissait d'une maison dite pirate, qui, hors cas de maltraitance, ont pourtant leur rôle à jouer, puisqu'elle comble un vide, ou plutôt un trop-plein dans le réseau officiel.

Victoria vit depuis neuf mois dans cette maison d'accueil, avec son fils Nathan, porteur d'un trouble autistique. Une solution temporaire pour éviter de se retrouver à la rue, et pour laquelle la famille a dû se battre. "Moi, j'ai dû attendre presque dix mois. J'y suis restée dix mois en liste d'attente, avant d'avoir une place. Déjà, seule, c'est dur à trouver, mais alors à deux aussi, mais en plus avec un enfant qui est autiste, c'est encore plus dur, parce qu'il y a certaines maisons d'accueil qui n'acceptent pas des enfants avec des troubles. Et donc, ici, l'Escale, j'ai de la chance qu'ils ont accepté Nathan avec son trouble autistique".

Cette maison d'accueil fait partie du réseau agréé. Elle dispose de 35 places réservées aux femmes et aux familles avec enfants. Viviane, elle, vient d'arriver après huit mois sur liste d'attente. "Voilà, ça, c'est mon armoire. On a chacun notre armoire privée et notre frigo privé. J'allais me retrouver sans logement et dans la rue. C'est vraiment un nouveau départ, de repartir de bon pied, c'est vrai".

Les places manquent 

Une chance malheureusement limitée. Sur les 830 demandes reçues l'année passée par cette ASBL, seules 3 % ont pu se concrétiser en accueil. Manque de place, mais aussi difficulté pour accueillir tous les profils, surtout ceux qui présentent des problématiques de santé mentale ou de handicap. "C'est vraiment une équipe généraliste avec des travailleurs sociaux, généralement des éducateurs, des assistants sociaux de formation. Et donc on n'a pas de personnel soignant, infirmier, on n'a pas de médecin, on n'a pas de psychologue. Donc c'est vraiment un travail généraliste et on essaye de réorienter quand c'est nécessaire auprès d'une maison médicale, un centre de santé mentale qui eux aussi sont saturés", explique Deborah Oddie, directrice de l'ASBL l'Escale.

Les maisons pirates comblent certains besoins. 

Face à ces impasses, certaines personnes se tournent alors vers des structures non agréées, aussi appelées maisons pirates. "On est face quelque part à des réalités de vie, de famille, de personnes qui sont très complexes. Et les maisons pirates, elles viennent quelque part répondre à ces besoins, à ces profils de personnes, parce que ces maisons, finalement, n'étant pas agréées, elles n'ont aucune règle", indique Christine Vanhessen, directrice de la fédération des maisons d'accueil et services d'aide aux sans-abris. 

Une plus grande liberté qui peut parfois mener à des dérives. Le secteur de l'accueil officiel demande donc plus de moyens, la possibilité de créer des lieux pluridisciplinaires, mais aussi d'inclure et d'encadrer les maisons pirates.

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