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S'il est encore trop tôt pour confirmer un lien entre les faits qui ont coûté la vie à un sexagénaire bruxellois ce jeudi et l'application Grindr, les rumeurs entourant cet événement dramatique mettent en lumière un phénomène qui commence à inquiéter les autorités judiciaires, à savoir les guet-apens réalisés au moyen d'applications de rencontres.
Grindr est une application définie par ses concepteurs comme "l'application numéro un" pour les rencontres au sein de la communauté LGBTQ. Utilisant la géolocalisation, elle permet aux personnes désireuses de faire des rencontres au sein de cette communauté d'échanger et, éventuellement, de se retrouver.
Quant à Tinder, qui revendique 55 milliards de "match" (ou coups de foudre virtuels), son fonctionnement est similaire, mais vise principalement la communauté hétérosexuelle.
Des usages détournés
Les applications de rencontre ne réunissent pas que des cœurs solitaires. Elles semblent également devenir l'espace de développement d'une nouvelle forme de criminalité, axée notamment sur l'homophobie, ou encore l'extorsion.
"L'un des principaux dangers pour les utilisateurs de Grindr est de s'afficher publiquement comme étant à la recherche de rencontres homosexuelles, et d'être géolocalisable, ce qui peut mener à des scènes de violence homophobe", commente l'avocat pénaliste Olivier Dupont.
Quant à Tinder, un autre phénomène criminel semble émerger. "De jeunes adultes pensent se rendre à un rendez-vous galant avec une jeune fille, tout juste majeure. Au rendez-vous, aucune jeune fille, mais de prétendus 'chasseurs de pédophiles' (souvent mineurs d'âge) qui leur indiquent que la jeune fille, qui n'existe pas, avait 17 ans, et leur proposent de ne pas les dénoncer, moyennant paiement", poursuit l'avocat. Sous pression, et par crainte des conséquences de leur "match", beaucoup de victimes cèdent, et préfèrent ne pas déposer plainte. "Les conséquences peuvent être importantes lorsque les auteurs s'emparent du smartphone de leur victime, et exigent d'obtenir les codes de leur application bancaire".
Un phénomène qui prend de l'ampleur
Que ce soit dans un contexte de violences homophobes, ou par appât du gain, le phénomène de la criminalité sur les applications de rencontres semble aller croissant au cours des derniers mois.
"On constate la mise en place de véritables processus qui ne peuvent être le fait d'individus isolés. Sans entrer dans les détails techniques, les extorsions réalisées dans ce cadre sont particulièrement bien préparées, que ce soit au niveau du conditionnement de la future victime, ou au niveau du transfert des fonds lorsque les auteurs ont accès à un compte bancaire", conclut Maître Dupont.
Si la presse française fait état d'actes similaires depuis un certain temps déjà, le phénomène semblait moins répandu en Belgique. Il nous revient toutefois qu'au vu du nombre de faits rapportés ces dernières semaines, de nombreux services de police s'inquiètent de l'évolution à court terme de cette situation.