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Convoquées pour la "6e ou 7e fois", Diane et Véronique en ont marre d'être assesseures pour les élections: ont-elles le droit de refuser?

Le rôle des assesseurs durant les élections est primordial. Garants de la bonne tenue du socle de notre démocratie, les citoyens appelés à assumer cette responsabilité ne sont pas toujours ravis. Surtout quand les convocations se suivent au fil des élections. 

Les élections du 9 juin prochain approchent à grands pas. Dans un mois et demi, nous irons aux urnes pour élire nos représentants régionaux, fédéraux et européens. Avant de remettre le couvert le 13 octobre pour les élections communales et provinciales. 

Pour le scrutin de juin, comme lors de chaque élection, le bon fonctionnement des bureaux de vote et du dépouillement des votes sera assuré par des assesseurs. Les lettres de convocation ont commencé à être envoyées ; et certains ne sont vraiment pas contents. C'est le cas de Diane, prénom d'emprunt, qui estime être "prise en otage". 

"À chaque élection, je reçois régulièrement ces convocations. J’estime que j'ai fait mon devoir de citoyen et que je ne dois pas le faire à chaque élection. Je travaille toute la semaine, j'ai aussi envie d'avoir mon dimanche de libre. C'est le seul jour où je peux avoir une période de liberté", peste-t-elle. 

Même son de cloche chez Véronique, qui vient d'être convoquée pour "la sixième ou septième fois". "C’est quand même un engagement, on prend une partie de son dimanche. En fonction de la manière dont ça se passe, on sait qu’on peut partir plus tard que prévu".

Deux types de convocations ont été envoyées : l'une pour être assesseur au bureau de vote et l'autre pour venir dépouiller les bulletins. Dans le premier cas, l'horaire est plus matinal, les bureaux fermant leurs portes à 14h. Pour le dépouillement, c'est plus aléatoire. 

Une expérience qu'a déjà vécue Diane, et qu'elle n'est franchement pas pressée de réitérer. "La dernière fois que j'ai été assesseure au dépouillement, j'ai passé ma journée de 15h à 1h30 du matin à dépouiller. Donc j'ai recommencé mon travail le lendemain à 8h le matin. Ce n'est pas facile".

"Il peut y avoir une bonne ambiance, car le président du bureau de vote vient en général avec des tartes et des boissons, voire carrément avec un diner si ça dure trop longtemps", témoigne pour sa part Véronique. 

"C’est une chouette expérience à vivre au moins une fois. Une manière de faire son devoir de citoyen et de s’investir dans la collectivité en tant que citoyen", tempère-t-elle encore.  

Toujours les mêmes ? 

Politologue à l'UCLouvain FUCaM Mons, Pierre Vercauteren détaille le processus de désignation des assesseurs : "Dans chaque commune, il y a une désignation d'abord du président ou de la présidente du bureau de vote. La commune fournit à chaque présidence une liste de citoyens électeurs, parmi lesquels le président est amené à choisir ses assesseurs. Ces assesseurs doivent jouir de leurs droits civiques et politiques. Une fois qu'ils sont désignés, en principe, ils doivent accepter."

Malheureusement pour nos témoins, ne pas avoir envie ou avoir déjà été sélectionnées à plusieurs reprises n'est pas un argument recevable pour se désister. "Il faut qu'ils avancent une raison valable, par exemple médicale, pour pouvoir objecter à cette désignation. Dans ce cas-là, le président va rechercher dans la liste quelqu'un pour le remplacer."

Quant aux noms qui sont mis sur cette fameuse liste dans laquelle le président de bureau doit piocher, cela dépend des communes, affirme Pierre Vercauteren. "Certaines procèdent d'un tirage au sort, d'autres procèdent à une sélection sur base des listes antérieures. Et il n'est pas rare que les présidences de vote, voire les assesseurs, soient déjà des personnes qui ont exercé cette fonction lors d'échéances électorales précédentes."

Et pas question de faire l'école buissonnière. Les personnes convoquées qui ne se présentent pas s'exposent à une amende très salée. C'est d'ailleurs ce qui énerve particulièrement Diane. "Ce n'est pas du tout une invitation, il est indiqué qu'on sera puni d'une amende de 400 à 1600 euros si on ne fait pas office de présence."

Loin d'obliger certains profils bien précis d'assumer ce rôle, il est bon de rappeler que ceux qui souhaitent se porter volontaires pour être assesseurs peuvent le faire savoir à leur commune.

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