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Inquiets, de nombreux riverains nous ont contactés via le bouton orange Alertez-Nous. Ils dénoncent les pratiques d'Elia, le gestionnaire du réseau électrique, qui souhaite faire passer des câbles à haute tension par le Bois du Val Saint-Lambert, à Seraing. Les défenseurs de l’environnement tirent la sonnette d’alarme : ils craignent un impact sur la biodiversité en pleine période de nidification.
Le Bois du Val Saint-Lambert est un havre de paix. Prairies, eau qui ruisselle, arbres généreusement feuillus… Cet espace vert, à proximité d'une zone Natura 2000, est une bénédiction pour les habitants. Pourtant, il est aujourd’hui menacé par un chantier d’envergure : Elia, le gestionnaire du réseau d’électricité, souhaite faire passer une ligne à haute tension dans le bois par un câblage sous-terrain. L’objectif est de relier une future centrale électrique au réseau.
Ça va très gravement nuire à la situation
L’itinéraire choisi est pointé du doigt par l’ASBL de défense du bois. "C’est une zone qui est très sensible avec des espèces rares et protégées. (…) Installer un chantier d’une ampleur pareille dans un milieu comme celui-là est forcément voué à l’échec", critique Xavier Spirlet de l’ASBL le Bois du Val.
D’autant plus que nous sommes en pleine période de nidification. "La question n’est pas simplement d’abattre un arbre dans lequel il y a un nid. On installe un chantier qui fait un bruit pas possible, ça va perturber les espèces qui s’y trouvent (…). Ça va très gravement nuire à la situation. Si on dérange les animaux et qu’on détruit leur territoire, ils partent pour toujours", ajoute-t-il.
"Si les travaux durent longtemps ou que le milieu est fortement modifié, les oiseaux qui nichent sont dérangés et ne peuvent pas nourrir correctement leurs jeunes, ça qui risque d’amener à un abandon", ajoute Antoine Derouaux, ornithologue chez Natagora. Menacer les nids, "c’est un peu comme si on venait détruire une crèche ou une maternité", illustre ce dernier.
Au-delà de la nidification, c’est toute la biodiversité qui est menacée : chauves-souris, mammifères, insectes et amphibiens en subissent aussi les conséquences.
"Notre volonté est d’agir en toute légalité"
La Région Wallonne a octroyé à Elia une dérogation pour travailler durant la période de nidification, mais face au soulèvement de plusieurs riverains, la commune a décidé d’introduire un recours. Le chantier est suspendu pendant 95 jours.
De son côté, Elia ne fait pas la sourde oreille et tente de rassurer les habitants. "Notre volonté est d’agir en toute légalité", avance Catherine Wojcicka, porte-parole d’Elia. "Le Département Nature et Forêt suit le chantier depuis le début et nous accompagne dans les différentes phases du projet. Elia, de sa propre volonté a également mandaté un écologue pour suivre les effets du chantier à postériori durant deux ans".
Une compensation est aussi prévue, des arbres devraient notamment être plantés.