Accueil Actu Vos témoignages

Ohey : l'abattage du daim "Bambi" suscite l'émoi, le SPW justifie sa décision

Le Département Nature et Forêt juge qu’il était nécessaire de mettre fin aux souffrances de l'animal. François, responsable de l’asbl Aide aux Animaux Belgique, conteste cette décision, estimant que d'autres options étaient possibles.

L'abattage d'un daim, surnommé "Bambi" par les habitants d'Ohey, suscite une vive émotion au sein de la commune. Les Oheytois, notamment les enfants, s’étaient pris d’affection pour l’animal, qu’ils appelaient "Bambi". Blessé, le daim a été tué suite à une décision du Département Nature et Forêt (DNF), provoquant indignation et incompréhension dans le village. François Hascher, responsable de l’asbl Aide aux Animaux Belgique, dénonce via le bouton orange Alertez-nous une décision précipitée. "Il y avait d'autres solutions", affirme-t-il.

Il était d’une gentillesse incroyable.

Martine, habitante d'Ohey, se souvient avec émotion de ce daim qui faisait partie du quotidien du village. "Il venait me dire bonjour tous les jours. Il broutait l’herbe. Il buvait dans la gamelle des oiseaux", raconte-t-elle. "Il était d’une gentillesse incroyable. Il n'attaquait ni les chiens, ni les chats."

Une décision prise pour "abréger ses souffrances"

Au mois de septembre dernier, le daim s’est empêtré dans des fils de fer installés par un habitant pour protéger ses rosiers. L'agent de la DNF, qui a été confronté à la situation, nous dit avoir vu l’animal "au bout de sa vie". "Il était impossible de l'approcher et s'énervait à la moindre approche", raconte Nicolas Yernaux, porte-parole du Service Public de Wallonie. "L'agent a pris contact avec l’un de ses supérieurs, l’ingénieur de garde, qui lui a dit 'c'est une espèce gibier. Il faut abréger ses souffrances'".

"Pourquoi l'ont-ils abattu ? Pourquoi ? Il ne faisait de mal à personne", s’indigne Martine, choquée. "On peut comprendre l'émotion que ça suscite. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on le fait, mais c’est quelque chose qu'on fait presque quotidiennement avec des animaux qui ont été renversés, qui sont blessés", réagit Nicolas Yernaux.

La polémique enflant à Ohey, la commune a rapidement publié un communiqué de presse : "Il s’agit d’une décision prise par le Département Nature et Forêt afin de mettre un terme à l’agonie de l’animal blessé par de nombreuses blessures", peut-on y lire.

Edition numérique des abonnés
©RTL info via Alertez-Nous

 

D’autres acteurs auraient pu être mobilisés, estime François

"Un daim n'agonise pas en quelques heures", objecte François Hascher. "Nous sommes à 50 mètres de là, et personne n'a pris la peine de nous appeler", déplore-t-il. "Nous aurions pu intervenir et sauver cet animal, comme nous l'avons déjà fait pour d'autres dans le passé."

François Hascher ajoute que plusieurs autres acteurs auraient pu être mobilisés pour gérer la situation, comme l'Animal Disaster Team, spécialisé dans le sauvetage d'animaux, ou encore les vétérinaires-urgentistes sécurité civile (VUSC).

Fallait-il endormir "Bambi" ?

Cet incident fait écho à l’abattage d’un cerf fin septembre à Mons. François Hascher insiste sur le fait que dans les deux cas des solutions non-létales étaient disponibles. L’argument de la "sécurité publique", invoqué par le Service Public de Wallonie, n’est pas valable à ses yeux. "Désolé, on peut endormir l’animal", déclare-t-il.

"On aurait pu l'endormir, mais il faut savoir que ça coûte en moyenne 500 €", indique Nicolas Yernaux, qui explique qu’une enveloppe de 12000 euros, décidée par la ministre wallonne de l'Environnement, Céline Tellier, permet de financer ce type d’intervention. "À l’échelle de la Wallonie, on a donc 24 interventions possibles", calcule-t-il.

"On peut vraiment se demander si ça a du sens de dépenser 500 € d'argent public pour que, peut-être, quelques jours plus tard, cet animal qui est une espèce grand gibier soit abattu dans le cadre de la chasse", poursuit le porte-parole du SPW. "Il y a sans doute d'autres animaux, des espèces protégées ou du gibier en dehors de la période de chasse, qui pourraient être aidées avec cette subvention".

Edition numérique des abonnés
©RTL info via Alertez-Nous

 

Pour François Hascher, le DNF opte trop souvent pour l’abattage

"Beaucoup d’agents de la DNF sont des chasseurs. Que voulez-vous ? Ces gens ne sont pas vétérinaires…". Sur les réseaux sociaux, la SPA La Louvière réagit dans le même sens à cet événement : "Pourquoi y a-t-il une si grande proximité entre certains agents de la DNF et les chasseurs ?"

Une critique que le porte-parole du SPW n’ignore pas, et veut relativiser : "On a des associations de protection des animaux, qui disent qu’on est trop proche des chasseurs et des chasseurs qui nous disent 'vos agents sont souvent des naturalistes'".

À lire aussi

Sélectionné pour vous