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À Houdeng, dans la commune de La Louvière, un panneau de limitation de vitesse à 30 km/h suscite la controverse. Placé à une hauteur estimée à plus de 3,5 mètres sur la rue de l'Hospice, il serait invisible pour les automobilistes venant des rues perpendiculaires, notamment de la rue de la Jobrette. Cerise sur le gâteau, un radar de vitesse a été placé une centaine de mètres plus loin.
Fabian, 49 ans, originaire de Manage, ne s'attendait pas à devoir payer d'amende ce jour-là. "Je venais d'avoir conduit ma femme chez le dentiste. Je ne passe pas si souvent que ça par là", explique-t-il via le bouton orange Alertez-nous. Au volant de sa voiture citadine, Fabian est surpris par un LIDAR à 42 km/h dans cette zone limitée à 30. "Quand j'ai vu le flash, je me suis dit que ce n'était pas possible, je l'ai même dit à ma femme !"
Mesure du panneau
Le quadragénaire rebrousse chemin pour vérifier la signalisation. C'est à ce moment-là qu'il réalise : "Le panneau doit être placé à plus de 3,5 mètres de haut, quand vous venez de la rue de la Jobrette, on ne voit pas le panneau", déplore-t-il. Après avoir mesuré la hauteur, il conclut que le la tranche inférieure du panneau 30 se trouve même un peu plus haut, à 3,6 mètres de haut.
Ça m'a mis hors de moi
"J'ai une Audi A1. Je ne vois pas à travers le toit", lance-t-il avec frustration. "Il faut quand même que le panneau soit visible. Quand on vient tout droit, on le voit, mais quand on vient de la rue adjacente, ce n'est pas possible." Le conducteur, qui a son permis depuis trente ans sans accident, se sent particulièrement injustement traité. "Ça m'a mis hors de moi. Si je suis obligé et contraint de payer, j'aurais mal au ventre. Même si c'est 50 euros. C'est très mal renseigné".
Signalisation conforme mais...
La commune, quant à elle, défend sa position. Gwennaëlle Furlanetto, cheffe du service mobilité et réglementation de La Louvière, affirme : "Il n'y a pas de règle de limitation maximum sur la hauteur, il y a une hauteur minimum. La police a vérifié que la signalisation était bien conforme." Elle ajoute cependant : "Si on se rend compte que le panneau peut être mieux placé, on va mieux le placer".
"Je trouve ça vraiment limite", rétorque Fabian. "Ici, on est plus proche de la machine à pognon qu'autre chose", s'énerve le conducteur qui souligne qu'aucune autre signalisation n'a été mise en place entre ce panneau haut perché et le radar de vitesse. "Même ma voiture qui lit les panneaux ne l'a pas vu, j'ai une voiture récente avec une caméra, elle n'a pas vu le panneau".
Réel problème de vitesse
Gwennaëlle Furlanetto insiste sur le fait que ces mesures n'existent pas pour remplir les caisses, mais elles sont une réponse à un réel problème de vitesse excessive sur le territoire. "On a beau mettre des infrastructures en place, les gens ne respectent pas", déplore-t-elle. La cheffe du service mobilité explique également le processus de mise en place des contrôles : "On va d'abord faire des campagnes de sensibilisation après, si le problème persiste, ou si on a des plaintes des habitants qui disent que ça roule trop vite, on met des infrastructures si c'est possible, mais si on ne peut pas, on met des LIDARS".
On peut rajouter une signalétique
Cette nouvelle zone 30 est liée à la déviation du pont Capitte, ce qui ajoute une complexité supplémentaire à la situation. Vu le nouveau trafic important dans la zone, la commune a décidé de limiter la vitesse. Les automobilistes qui ne sont pas familiers avec la zone peuvent être pris au dépourvu par ces changements récents.
Du côté de l'institut Vias, spécialisé dans la sécurité routière, on souligne l'importance d'une signalisation cohérente et visible. Shirley Delannoy, porte-parole de Vias, suggère : "On peut imaginer qu'on peut rajouter une signalétique comme une grande zone 30 sur le sol pour éviter la confusion".
Dissuasion avant tout
Elle rappelle également que 70% des automobilistes ne respectent pas les zones 30 en Belgique, un chiffre alarmant qui souligne l'ampleur du problème. "Il ne faut pas sous-estimer l'effet dissuasif d'un radar, c'est forcer les gens à ralentir", assure la porte-parole de Vias. "En France, ils ont estimé que 30% des accidents sont liés à la vitesse", précise-t-elle, soulignant l'importance de mesures efficaces pour réduire la vitesse en zone urbaine.
Les infrastructures routières, telles que les ralentisseurs, les coussins berlinois ou les rétrécissements de chaussée, peuvent contribuer à modérer naturellement la vitesse. Cependant, ces solutions ne sont pas toujours applicables ou suffisantes.
Peu de chance de voir leurs amendes annulées
En attendant une potentielle révision de la signalisation à Houdeng, les automobilistes flashés ont peu de chance de voir leur amende être annulée. "Ce n'est pas à nous de faire quelque chose", explique Gwennaëlle Furlanetto. "Même la police locale ne peut pas annuler tous les PV, c'est entre les mains du parquet de Namur", conclut la cheffe du service mobilité et réglementation routière de la commune de La Louvière.
En attendant, Fabian a reçu son amende. Il doit payer la somme de 63,1€ pour avoir roulé à 39 km/h, ramené à 33 km/h en vitesse réelle. "C'est une injustice", conclut le Manageois.