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"On va juste créer des tensions": les habitants de Cureghem réagissent au couvre-feu imposé aux moins de 16 ans au Nouvel an

Le couvre-feu imposé par le bourgmestre d'Anderlecht dans le quartier de Cureghem aux mineurs de moins de 16 ans continue de faire du bruit. Des parents sont allés jusqu'au Conseil d'État pour faire annuler cette décision. L'auditeur du Conseil d'État estime que cette mesure est illégale, mais pas de quoi la suspendre. Quel est le sentiment des habitants du quartier ?

Ce matin, dans le quartier de Cureghem, l'ambiance n'est pas vraiment au préparatif du réveillon, mais plutôt à l'appréhension. "Le quartier a fort décliné depuis quelques années, moi, je trouve que ça devient triste Anderlecht", réagit une habitante.

Cette tristesse, les jeunes du quartier que nous avons rencontrés ne la partagent pas. Impossible pour eux de passer le soir du 31 à la maison, même si tous sont bien conscients des débordements ce soir-là. "La vérité, je crois que je vais quand même profiter avec mes amis, profiter, mais sans faire de dégâts. Faire des pétards entre amis et tout, mais sans forcément exagérer. Ça reste dans la festivité", assure l'un. "Il y a des petits cons qui cassent tout. Le lendemain, ta voiture, tu vas la garer, elle est brûlée parce qu'il y a des casseurs qui l'ont cassée pour rien. Au lieu que ce soit un Nouvel an, au lieu de faire la fête, ils cassent. Et je trouve que c'est pas cool.", regrette l'autre jeune anderlechtois.

Ce sont des débordements récurrents. Chaque 1er janvier, sont retrouvés dans les rues du quartier des voitures calcinées, des restes de feux d'artifice au sol. Ce samedi encore, plus de 5000 pétards ont été saisis dans le quartier de Cureghem.

Une mesure contestée

Cette année, la commune d'Anderlecht a décidé d'instaurer un couvre-feu pour les jeunes de moins de 16 ans. Interdiction de sortir non accompagnés dans le quartier le soir du Nouvel an. Une décision vivement contestée chez les riverains. "On va juste créer des tensions. Surtout qu'on annonce à l'avance qu'on va interdire les jeunes de moins de 16 ans. Donc, les autres jeunes plus âgés, vont prendre ça comme une petite menace et vont faire plus", réagit un citoyen.

Des parents sont allés un cran plus loin. Ils ont introduit une requête auprès du Conseil d'État pour tenter d'annuler cette mesure. "C'est une porte ouverte à de futures ordonnances qui risquent d'entraver la liberté de nos jeunes, estime Nathalie Preudhomme, une riveraine. Moi, je demande au bourgmestre d'Anderlecht de contrer la vraie violence, c'est-à-dire le milieu de la drogue, le grand banditisme. Il y a une semaine, quelqu'un s'est fait tuer à la Kalachnikov devant chez moi. Je veux qu'il bouge par rapport à ça, et qu'il arrête de stigmatiser la jeunesse".

Une décision nuancée

À la fin de l'audience, pas de grand sourire, mais pas de grande déception non plus. L'avis de l'auditeur du Conseil d'État est nuancé. L'interdiction de sortie est certes illégale, mais elle ne doit pas être suspendue. "L'auditeur a quand même relevé certaines absurdités dans l'ordonnance qui a été rendue, notamment le fait que tous les mineurs de moins de 16 ans soient d'office concernés, et surtout qu'aucune mesure alternative n'a été trouvée, et que ce soit d'office une arrestation. Mais effectivement, là où il ne nous suit pas, c'est la question du préjudice. Est-ce que le préjudice est suffisamment grave pour pouvoir invoquer cette procédure en extrême urgence ?", précise Marine Lanoy, l’avocate des requérants.

À ce stade, l'assignation en résidence est donc toujours d'application. Le juge du Conseil d'État doit encore trancher.

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