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Surréalisme belge en province de Luxembourg: pourquoi tous les panneaux de ce rond-point sont-ils installés en double?

À Étalle, dans la province du Luxembourg, des panneaux routiers sèment la confusion dans un rond-point. Une nouvelle signalisation vient d'être posée et elle cohabite actuellement avec les anciens panneaux. Incompréhension pour les automobilistes.

Yves habite à Étalle depuis presque 30 ans. Le quinquagénaire passe souvent par un rond-point, proche du centre de la commune. Il y a quelques jours, de nouveaux panneaux de signalisation l'interpellent. Si bien qu'il décide d'appuyer sur le bouton orange Alertez-nous.

Mais c'est quoi l'histoire ?

"Je me suis d'abord demandé ce qui avait changé. Puis, j'ai vu les panneaux supplémentaires", se souvient Yves. En effet, la SOFICO, Société de financement complémentaire des infrastructures, a installé de nouveaux panneaux de signalisation, devant les anciens.

"On se demande : 'Mais c'est quoi l'histoire ? C'est idiot, c'est stupide'", grommelle-t-il. "Je ne comprends pas, les anciens panneaux sont en parfait état. Les piquets aussi, ils ne sont pas corrodés", estime-t-il.

La situation parait effectivement saugrenue vue de l'extérieur, avec des panneaux qui affichent, à peu de chose près, les mêmes informations que les anciens, dans un format différent. "Ils ont vraiment de l'argent à dépenser sur n'importe quoi", déplore Yves.

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Nous avons contacté le bourgmestre de la commune d'Etalle, Henri Thiry, qui n'est pas au courant des travaux. "En principe, ils devaient mettre des panneaux pour désengorger, afin de rediriger le trafic vers Arlon, plutôt que Habay", nous explique-t-il. Il ne s'agit donc pas de cela ici. Une employée communale nous a glissé qu'elle avait aussi aperçu les panneaux et qu'elle ne comprenait pas non plus la démarche.

Situation "belgo-belge" ?

"La Belgique est la Belgique, mais je ne comprends pas. Il y a un côté amusant, comique et extrêmement triste en même temps", avoue Yves. Alors qu'en est-il réellement ? D'où viennent ces panneaux et pourquoi ont-ils été installés ?

L'explication serait en réalité toute simple : les anciens panneaux sont trop vieux. "La philosophie générale dans le réseau structurant wallon, l'ensemble des autoroutes et nationales que nous gérons, c'est qu'on remplace la majorité des panneaux rétro éclairé, à l'exception de ceux qui surplombent toute la largeur de l'autoroute", explique Héloïse Winandy, porte-parole de la SOFICO. Les panneaux rétroéclairé, ce sont ces panneaux très épais, qui contiennent un éclairage intérieur.

Ils ne tombent pas en panne

Mais pourquoi les remplacer, si, comme Yves l'explique, ils sont encore en bon état de fonctionnement ? "Une réflexion a été menée parce que les nouveaux panneaux réfléchissants sont moins chers, demandent moins d'entretien et ne tombent pas en panne", justifie-t-elle.

Sécurité et énergie

De plus, les panneaux réfléchissant sont plus petit, moins lourds, moins encombrant et surtout, moins dangereux. "Les poteaux passifs vont mieux absorber les chocs", assure Héloïse Winandy. Concrètement, en cas d'impact avec une voiture, il y aura moins de dégâts pour le véhicule, et, par extension pour ses passagers.

De plus, ces panneaux ne consomment pas d'électricité, c'est donc une économie en ce qui concerne l'éclairage. 

Pourquoi les panneaux coexistent-ils ?

La SOFICO ne pouvait-elle pas installer les nouveaux panneaux et retirer les anciens dans la foulée ? Pas vraiment, à en croire leur porte-parole. "Ce ne sont pas les mêmes entreprises qui s'occupent de placer les panneaux et d'enlever les anciens", répond-elle.

Il est donc nécessaire que les nouveaux et anciens panneaux cohabitent le temps que l'entreprise s'occupe de la dépose de la signalisation rétroéclairée.

De l'argent mal investi ?

Les travaux de remplacements des panneaux rétroéclairés doivent durer quatre ans. Ils ont commencé il y a 3 ans, ce qui laisse donc un an pour voir ces panneaux rétroéclairés disparaître (sauf sur les autoroutes, comme expliqué précédemment). Mais est-il logique et intéressant d'opérer ces travaux ? "Pour la province de Luxembourg, on est à un million d'euros pour les quatre années", explique la porte-parole de la SOFICO. Une somme comparativement faible, selon elle.

Selon Yves, cet argent serait mieux investi dans la réparation des routes : "À côté de ça, il y a une nationale qui est pleine de trous. Ils rebouchent avec du tarmac à froid, ce n'est pas la solution", regrette-t-il. Une remarque que tempère la porte-parole de la SOFICO. "Il faut à un moment remplacer les infrastructures, c'est une question de durée de vie et de sécurité. Ce n'est pas au détriment d'autres travaux, c'est en complémentarité".

 

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