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En France, il ne faut pas s'attendre à la nomination d'un nouveau Premier ministre avant la semaine prochaine, tout simplement parce que l'agenda d'Emmanuel Macron ne le permettra pas. Entre Jeux paralympiques et déplacements à l'étranger, le Président n'aura pas le temps de régler la crise. Ce sera peut-être l'occasion de laisser décanter les choses et d'imaginer une solution originale pour sortir la République de sa voie de garage.
Les chaînes de télévision françaises diffusent ces jours-ci une promotion pour les Jeux paralympiques. On y voit des athlètes en pleine action, avec comme message l'idée qu'on peut transformer son handicap en atout. Cela pourrait inspirer Emmanuel Macron pour sortir la France de sa paralysie.
La cérémonie d'ouverture des Jeux, ce soir, pourrait l'inspirer. Ensuite, il s'envolera pour une visite officielle de deux jours en Serbie, un pays difficile, culturellement proche de la Russie, mais qui frappe avec insistance à la porte de l'Europe. C'est toujours comme ça que les présidents français rebondissent après un coup de mou : une bonne tournée à l'étranger, ça vous requinque un chef d'État, et il en a besoin.
À part quelques petites formations, il n'arrive pas à trouver des alliés de poids pour constituer un gouvernement autour de son parti. La droite républicaine accepte juste un soutien sans participation et encore sur quelques projets définis dans son programme. Quant à la gauche, elle n'éclate pas, comme le président l'espérait, après avoir refusé de nommer sa candidate. Certes, on sent que ça se fissure, notamment du côté du PS, où de plus en plus de voix s'élèvent pour reprendre les négociations. Mais pour l'instant, la ligne officielle tient bon. Pas question de quitter le nouveau Front populaire et les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, même si Macron désignait un social-démocrate à Matignon.
Changer le mode de scrutin ?
En fait, la situation est bloquée parce que chaque jour qui passe nous rapproche d'une nouvelle dissolution qui sera possible en juin prochain. Les partis s'y préparent déjà. Or, dans le système du scrutin uninominal à deux tours, le PS a besoin de l'appui des Insoumis pour faire élire ses députés. S'associer à Macron, ce serait suicidaire. Sauf, bien sûr, si le mode de scrutin change et que la France adopte, comme la Belgique, le scrutin proportionnel. Dans ce cas, chacun concourt sous sa bannière et a ensuite les mains libres pour négocier un accord de gouvernement. Longtemps promise, cette réforme a toujours été reportée dans la crainte de voir le RN en profiter. Mais désormais, le parti de Marine Le Pen engrange des élus, même au scrutin majoritaire. Alors, passer à la proportionnelle, ce serait peut-être la bonne solution pour réinventer un régime de coalition. Et une occasion intéressante pour organiser sur le sujet un référendum d'initiative présidentielle. Eh oui, quitte à se prendre pour le général de Gaulle, autant aller jusqu'au bout. Vous m'avez compris.