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En France, le feuilleton politique continue. Ce lundi, Emmanuel Macron a écarté l'hypothèse d'un gouvernement de gauche sans pour autant proposer une autre solution. Il reprendra ses consultations aujourd'hui en élargissant à des personnalités de la société civile. On a l'impression dans cet étrange pari qu'Emmanuel Macron veut être à la fois arbitre et joueur.
Le président de la République a franchi une étape en affirmant ce lundi qu'il ne nommerait pas un gouvernement issu du nouveau front populaire car il serait immédiatement censuré. Certes, contrairement à ce que dit Jean-Luc Mélenchon, avec un peu moins de 200 députés sur 577, la gauche n'a pas la majorité.
Mais personne ne l'a. Emmanuel Macron va donc recevoir de nouveau aujourd'hui les principaux partis, à l'exception du nouveau front populaire, du Rassemblement National et de son allié Éric Ciotti. Et il élargira ses consultations à des personnalités, je cite, "se distinguant par l'expérience du service de l'État et de la République".
On pourrait en déduire qu'il se dirige vers un gouvernement technique avec à sa tête un grand commis de l'État ou un chef d'entreprise publique. Mais avec qui ? Et comment ? Et pourquoi ?
Le problème, c'est que la France a perdu l'habitude des coalitions et que la classe politique ne sait pas comment faire.
Au lieu de travailler à une majorité, les groupes parlementaires ont laissé passer les semaines en réaffirmant leur position, mais sans tendre la main à d'éventuels alliés. Ainsi, en claironnant qu'ils appliqueraient leur programme, rien que leur programme, mais tout leur programme, les partis de gauche ont fermé la porte à toute alliance.
Mais les autres ne font pas mieux. Ils laissent entendre qu'ils pourraient soutenir des projets au coup par coup, mais ça ne fait pas un programme de gouvernement. La difficulté, c'est que la Constitution française ne prévoit pas de formateur ou d'informateur comme en Belgique. Mais rien n'empêche Emmanuel Macron d'inventer un poste de chargé de mission.
Là, il entend former le gouvernement lui-même. Ce n'est pas son boulot. Son rôle, c'est de désigner un premier ministre susceptible de diriger une majorité. Nommé d'abord, négocié ensuite, ça s'appelle mettre la charrue avant les bœufs. On marche sur la tête.
Le président est en effet à la fois arbitre et capitaine d'une des équipes. Pour sortir de cette situation inextricable, il doit remonter sur son Aventin et mettre quelqu'un à la manœuvre, comme en Belgique, où le roi ne nomme le premier ministre qu'une fois un accord trouvé.
Ça prend du temps, parfois beaucoup de temps, on le sait bien. Mais finalement, ça marche. Emmanuel Macron se définit souvent comme le maître des horloges. C'est plutôt d'une boussole dont il aurait besoin.