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En France, on n'en finit plus d'attendre la formation d'un gouvernement. Après 50 jours de crise, Emmanuel Macron n'a toujours pas tranché. Après avoir testé un profil technique lundi, il est revenu hier à un candidat plus politique: le républicain Xavier Bertrand. Le problème, c'est que le Rassemblement National a promis de le renverser s'il était nommé. Emmanuel Macron aurait essayé hier soir de convaincre Marine Le Pen de changer d'avis. A-t-il réussi? Va-t-on connaître aujourd'hui ou demain le nom du futur Premier ministre?
Il n'y a qu'une personne au monde qui puisse répondre à cette question, Emmanuel Macron, et encore. Hier soir, il avait l'air décidé de nommer à Matignon Xavier Bertrand, le président de la région des Hauts-de-France.
En revanche, le profil de gauche qu'il avait un temps envisagé, Bernard Cazeneuve, paraît complètement carbonisé. Dans la nuit, l'instance dirigeante du PS a décidé de ne pas le soutenir et de voter contre lui en cas de motion de censure.
Mais la position de Xavier Bertrand est à peine plus confortable. Son parti, Les Républicains, accepte de se ranger derrière lui à condition qu'il respecte son programme législatif qui préconise un budget d'austérité. Quant au RN, qui le déteste, il a dans un premier temps déclaré qu'il soutiendrait toute motion de censure déposée contre lui, y compris par la gauche.
Hier soir, Emmanuel Macron aurait essayé d'infléchir la position de Marine Le Pen, et il y serait parvenu à trois conditions:
- Que le Premier ministre pressenti s'engage à modifier le mode de scrutin pour passer à la proportionnelle.
- Qu'il reste inflexible sur l'immigration.
- Qu'il améliore le pouvoir d'achat.
Cette attitude conciliante permettrait au RN de conforter son image de parti responsable au-delà des ressentiments personnels.
Mais même s'il survit à une motion de censure déposée dès sa nomination, Xavier Bertrand n'en sera pas moins sur la corde raide, susceptible d'être renversé à tout moment par une alliance de circonstances entre l'extrême gauche et la droite extrême.
Une fois à Matignon, sa première tâche sera de concocter un budget, exercice difficile au moment où les déficits explosent. Chaque ministère devra tailler dans ses comptes alors que les Français réclament le contraire.
Une augmentation du salaire minimum, une baisse de la TVA, l'embauche de fonctionnaires, bonjour l'ambiance. Cet hypothétique gouvernement Bertrand aura toutes les difficultés à se maintenir jusqu'en juin prochain, date à laquelle le Président pourra de nouveau dissoudre et renvoyer les électeurs aux urnes.
Reste une hypothèse folle en cas de nouvel échec. Que le Président lui-même démissionne, estimant qu'il a perdu la confiance du peuple. C'est très très peu probable. Mais certains s'y préparent, comme l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui a déclaré dans le magazine Le Point qu'il était candidat pour l'élection présidentielle de 2027. Il s'y prend un peu tôt, mais par cette attitude, il relativise la crise et confirme que le vrai pouvoir n'est pas à Matignon, mais à l'Élysée.