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Le 26 décembre 2004, un terrible tsunami frappe la Thaïlande. Plus de 220.000 personnes, dont 11 Belges, y ont perdu la vie. Si le Tsunami a été moins meurtrier qu’en Indonésie, la Thaïlande a surtout marqué les esprits, car la moitié des victimes étaient des touristes, et nombre d’entre eux n’ont jamais pu être identifié par leurs familles. 20 ans plus tard, sur place, que reste-t-il du Tsunami de 2004 ?
C’est l’une des plages les plus fréquentées de Phuket : Kamala Beach. Ce matin, la mer est calme et chaude. Les touristes sont détendus, et les enfants jouent insouciants sous le regard attentif de leurs parents. Tout semble parfait à nouveau.
Une vague d'une puissance inégalée
Pourtant, c’est ici même, à cette heure, que le 26 décembre 2004, vers 9h45, des cris de panique ont commencé à retentir. Filmée par des vacanciers incrédules, une vague d’une puissance inégalée a frappé. En quelques minutes, les vacances paradisiaques se sont transformées en cauchemar.
Dans cet hôtel en bord de mer, le tsunami a d’abord submergé la piscine. Construit en forme de cuvette, l’hôtel a piégé ses clients. Un homme a réussi à s’accrocher aux jardinières du premier étage, là où l’eau est montée. D’autres n’ont pas eu cette chance.
Les images de cet hôtel ont fait le tour du monde. Elles montraient un couple âgé luttant pour survivre. L’homme a survécu, mais pas son épouse, dont le corps sans vie a été retrouvé à une centaine de mètres.
Si les touristes n'étaient pas revenus, cela aurait été un second tsunami
Aujourd’hui, il n’y a plus aucune trace visible de la catastrophe. L’hôtel s’est même agrandi, doublant de volume un an après le drame. "Les clients nous ont aidés à relancer le tourisme et le business en Thaïlande. C’était crucial pour les locaux. Si les touristes n’étaient pas revenus, cela aurait été comme un second tsunami. Plus de commerce, plus d’emplois, plus de revenus pour les petits magasins," explique Johan Magnusson, manager du Sunprime Resort.
Si à l’époque cet événement avait marqué les esprits, 20 ans plus tard, le souvenir s’efface peu à peu. Sur la plage de Kamala, le seul mémorial de la région sert aujourd’hui de parking pour motos. Les rares touristes qui s’y recueillent sont souvent déçus. "Quand on pense au nombre de morts dans le tsunami en Thaïlande, je trouve ça un peu petit", confie un touriste allemand.
Apprendre du passé et vivre dans le présent
À moins d’un mois du 20e anniversaire de la tragédie, personne ne sait si le site sera nettoyé ou si des commémorations y seront organisées. Mais ici, cela ne semble choquer personne. "On a commémoré les 1 an, les 5 ans, les 10 ans, les 15 ans, mais on avance maintenant. On a beaucoup appris de la catastrophe, mais les gens ont tourné la page et apprécient encore plus l’instant présent. C’est aussi un aspect de la philosophie bouddhiste : apprendre du passé et vivre dans le présent," précise Johan Magnusson.
À environ deux heures de bateau de Phuket, se trouvent les îles Phi Phi, à 45 km de là. Il est 10h37 quand la vague dévastatrice frappe cette étroite bande de terre, rendue célèbre par le film La Plage avec Leonardo DiCaprio. Au moment du tsunami, l’île comptait 10 000 personnes, touristes inclus. Ici, la vague a frappé presque simultanément des deux côtés de l’île, piégeant habitants et visiteurs dans un dédale de ruelles étroites.
À bord de son bateau à longue queue, Allan emmène aujourd’hui les touristes visiter des lagons d’une beauté exceptionnelle. Il avait 15 ans lors du tsunami. "Ma mère et moi travaillions au même endroit. Quand le tsunami est arrivé, nous sommes sortis pour prévenir les touristes. Puis la vague est arrivée," raconte Allan. Lui et sa mère ont survécu, mais pas son frère. "Mon frère avait 20 ans...", dit-il, encore très ému par ce souvenir tragique.
1 300 personnes ont perdu la vie à Koh Phi Phi. En 2005, un mémorial a été construit sur la plage. Charib, un loueur de kayaks qui a toujours vécu sur l’île, nous y emmène. "Avant, l’ancien mémorial était ici."
Le site a été repris par son propriétaire en 2015 pour y construire un hôtel. Le mémorial a donc été déplacé, ou plutôt, abandonné. À quelques mètres de là, on trouve encore quelques plaques et photos usées par le temps. Dérisoire face au nombre de victimes. "Si quelque chose de terrible vous arrive, c’est important de s’en souvenir... juste s’en souvenir... mais ne pas trop y penser. Si vous y pensez trop, vous risquez de devenir fou. Les Thaïlandais essaient d’oublier les mauvaises choses," explique Dilok.
Une résilience profondément ancrée dans la mentalité thaïlandaise, influencée par les enseignements bouddhistes...