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La composition du nouveau gouvernement français a été annoncée lundi soir. Le centriste François Bayrou a réussi à réunir plusieurs personnalités de poids. Analyse du casting.
La composition du nouveau gouvernement français a été annoncée lundi autour de 19h. Le centriste François Bayrou n'a pas réussi, comme il le souhaitait, à constituer une large union qui sera allée des socialistes aux républicains. Mais il a compensé ce revers en réunissant plusieurs personnalités de poids, dont deux anciens premiers ministres, Elisabeth Borne et Manuel Valls. Pour l'occasion, il a réinstauré le titre de ministre d'Etat tombé en désuétude depuis 2019.
La fonction de ministre d'Etat existe aussi bien en France qu'en Belgique, mais elle ne recouvre pas les mêmes prérogatives. En Belgique, c'est un titre purement honorifique qu'on attribue en général à d'anciens ministres ou parlementaires méritants. Ils forment ce qu'on appelle le conseil de la couronne, un organe consultatif censé aider le roi dans des circonstances exceptionnelles, mais qui n'a pas été réuni depuis 1960, lors de l'indépendance du Congo. En France, ministre d'Etat, c'est un rang protocolaire dans le gouvernement. Un ministre d'Etat est plus qu'un simple ministre. En fait, c'est une sorte de vice-premier ministre, un titre qui n'existe pas dans l'hexagone.
Deux anciens premiers ministres
Voilà pourquoi, hier, en annonçant la composition du gouvernement, le secrétaire général de l'Elysée a cité d'abord les quatre ministres d'Etat, Elisabeth Borne à l'éducation nationale, Manuel Valls à l'outre-mer, Gérald Darmanin à la justice et Bruno Retailleau à l'intérieur. Soit deux anciens premiers ministres et deux ministres dotés de portefeuilles dits régaliens. Ce quatuor va constituer la garde rapprochée de François Bayrou, à laquelle on pourra ajouter le ministre des armées, celui des affaires étrangères et celui des finances, mais qu'ils ne seront pas, eux, ministres d'Etat.
Ce n'est pas la première fois qu'un ancien premier ministre revient au gouvernement. Ça s'est déjà produit à quatre reprises, avec Michel Debray, Alain Juppé, Laurent Fabius et Jean-Marc Ayrault. Leur présence muscle symboliquement l'équipe et, en général, ils obtiennent des postes de prestige international, comme la défense ou les affaires étrangères.
Valls à l'outre-mer
Cette fois, c'est différent. Elisabeth Borne hérite de l'éducation nationale et Manuel Valls des Outre-mer. A priori, ce n'est pas terrible, mais détrompez-vous. L'éducation est le premier budget de la République et l'outre-mer subit actuellement plusieurs crises majeures. Le cyclone qui a ravagé Mayotte, les récentes émeutes indépendantistes en Nouvelle-Calédonie et les manifestations contre la vie chère en Martinique et en Guadeloupe.
Or, Manuel Valls, dans sa jeunesse, a travaillé avec Michel Rocard puis Lionel Jospin sur le statut de la Nouvelle-Calédonie. Outre sa compétence, l'ancien socialiste est aussi une caution donnée à la gauche modérée, tout comme Elisabeth Borne, elle aussi ex-PS. Quant à Darmanin et Retailleau, issus de la droite républicaine, ce sont des hommes à poigne et leur politique sécuritaire devrait amadouer le Rassemblement national. L'objectif est d'éviter le vote de la censure qui sera déposé par les mélenchonistes dès le discours de politique générale du 14 janvier. Une fois cette épreuve passée, le Premier ministre devra alors s'atteler au budget. Et là, c'est lui qui devra montrer qu'il est bien un homme d'État.