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Ce lundi, à Paris, se tient une réunion entre pays européens et avec les partenaires de l'OTAN. Les principaux pays européens discutent de leur défense aujourd'hui et de l'aide à l'Ukraine. La Belgique ne fait pas partie de cette discussion et les Etats-Unis non plus.
Dans la capitale française, ce lundi, une réunion d'urgence à Paris après une semaine secouée et secouante pour les Européens.
"Il n'y aura pas de troupes américaines déployées en Ukraine", a déclaré chef de la défense américaine devant l'OTAN, mercredi dernier à Bruxelles. "L'Europe doit fournir la part prépondérante de l'aide létale et non létale à l'Ukraine dans le futur."
Autrement dit, les Etats-Unis laisseront Européens et Ukrainiens se débrouiller.
Deux jours plus tard à Munich, les Américains ont remis le couvert avec un discours hostile du vice-président face à des Européens sidérés, exceptés les Polonais qui ne cessent d'alerter sur le danger d'être lâchés par les Américains face aux Russes. "La capacité de production d'armement n'est pas suffisante en Europe pour le moment", a indiqué Wadyslaw Kosiniak-Kamysz. "L'Europe doit se réveiller."
Le président français a décidé de réagir. Emmanuel Macron et convoqué ses collègues d'Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Pologne, Espagne, Pays-Bas et Danemark, ainsi que les chefs de l'Union européenne et de l'OTAN.
À l'heure où Donald Trump et Vladimir Poutine semblent de plus en plus proches, leurs représentants se rencontreront demain en Arabie saoudite.
Une armée européenne?
Historiquement, certains pays ont toujours investi dans leur armée. D'autres se sont reposés sur les États-Unis. Peut-on devenir militairement indépendant des Américains ?
Depuis la création de l'OTAN, en 1949, deux visions s'affrontent au sein de l'Europe: des pays qui maintiennent leur propre armée et ceux qui s'appuient presque entièrement sur les Américains.
Dans ce contexte, cinq pays se distinguent par leur effectif, entre 150.000 et plus de 200.000 hommes: la Pologne, l'Allemagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni. Ces armées représentent 70 % des forces européennes, estimées à plus d'1,4 million de soldats.
"Dans l'exemple de la France ou du Royaume-Uni, pour parler de puissance européenne, il y a par exemple des capacités de transport stratégique, des capacités de frappe dans la profondeur, des capacités de projection également à travers l'existence de groupes aéronavals", explique Alain De Neve, chercheur à l'institut royal supérieur de défense.
La Pologne, qui est en première ligne face à la Russie, s'est alignée sur la France et la Grande-Bretagne pour son budget militaire. Ces deux pays se distinguent des autres car ce sont des puissances nucléaires. D'autres nations hébergent aussi des armes nucléaires, mais elles sont américaines, au sein de l'OTAN, comme la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne ou l'Italie. "L'existence même de ces capacités nucléaires, et c'est pour ça qu'on parle dans ce cas-là de dissuasion existentielle, elle protège évidemment l'ensemble des pays européens de velléités plus élevées, plus accrues, de la Russie", poursuit Alain De Neve.
Jusqu'à présent, les opérations de protection de l'Europe se font au sein de l'OTAN. Une coordination efficace sur mer, sur terre ou dans les ailes. Mais les armées européennes dépendent des dispositifs américains. "Les Etats-Unis ont toujours refusé qu'il puisse y avoir une sorte, je dirais, de quartier général, de QG européen qui fasse doublon au QG de l'OTAN. Aujourd'hui, dans le contexte que l'on connaît face à la menace russe et face à cette possibilité d'un désengagement américain, il faut passer la vitesse supérieure, sans qu'on parle pour autant d'une armée européenne."
Avec la nouvelle doctrine du gouvernement Trump, du repli sur soi, les Européens vont devoir combler leurs lacunes pour mieux coordonner leur défense.