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La direction d'Audi Brussels a annoncé qu'aucun nouveau modèle de véhicule ne sera attribué au site, mettant en péril 2.500 emplois en raison de la faible rentabilité de l'usine et d'une surcapacité de production dans l'industrie automobile.
Mardi, la direction d'Audi Brussels a annoncé qu'aucun modèle de véhicule ne sera attribué au site dans le futur. C'est avec cette nouvelle en tête que les employés devaient reprendre le travail mercredi. Mais qu'est-ce qui explique cette décision?
Pour Xavier Daffe, le rédacteur en chef du Moniteur Automobile, tout cela était prévisible: "Je crois que le problème du site d'Audi Brussels, c'est qu'il était dévolu à la production d'un seul modèle, électrique certes, mais très haut de gamme, qui se vendait mal, ou très peu en tout cas. On en a produit par exemple 26.000 l'an passé, ce sera 25.000 cette année", rappelle-t-il.
On se rend compte qu'on ne pouvait pas continuer comme ça
"On est très en deçà du seuil de rentabilité d'une usine comme celle d'Audi Brussels. À titre de comparaison, une usine qui tourne à plein régime en Allemagne, tourne à 400.000 voitures par an. Donc on se rend compte qu'on ne pouvait pas continuer comme ça".
Ce n'est pas le seul problème qui plane au dessus de l'usine de Volkswagen : "On sait que d'autre part, Volkswagen est confronté, comme d'autres, à des gros problèmes de surcapacité de production par rapport à une demande qui stagne. Volkswagen envisage même de fermer une autre usine en Allemagne, ce qui est tout à fait historique. Ce n'est jamais arrivé", précise Xavier Daffe.
Les constructeurs se sont forcément rués dans la recherche et le développement
On produit trop de voitures et on n'en achète pas assez, quelles sont les perspectives pour l'industrie ? "Ce qui a créé une certaine distorsion dans le marché, c'est la décision de l'Union européenne d'imposer la voiture électrique pour tout le monde à partir de 2035. On sait que l'échéance était très courte. Les constructeurs se sont donc forcément rués dans la recherche et le développement concernant cette technologie qui était nouvelle pour eux. Ça engouffrait des milliards et des milliards d'euros en recherche et développement", explique le spécialiste.
"Dans le même temps, aujourd'hui, on se rend compte que la voiture électrique ne convient pas à tout le monde", précise-t-il. "Ça peut être une alternative parmi d'autres, mais vouloir faire rouler tout le monde en électrique à partir de 2035, c'est sans doute un peu utopiste. On voit d'ailleurs que la demande, en tout cas auprès du particulier, ne démarre pas. La voiture reste trop chère et on l'a vu, par exemple, en Allemagne à la fin de l'année dernière, quand les incitants à l'achat ont été stoppés, le marché électrique s'est complètement écroulé là-bas", analyse Xavier Daffe.