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Des larmes et des accolades devant l'usine d'Audi, officiellement fermée: "On dit au revoir à notre deuxième famille"

C'en est donc fini du site Audi à Bruxelles. L'usine de Forêt a définitivement fermé ses portes aujourd'hui. Une journée très émouvante pour les travailleurs, dont certains ont toujours beaucoup de mal à tourner la page.

Des larmes et des accolades face à la fermeture de leur usine. "C'est des liens qui ne partiront pas. C'est difficile, c'est triste", nous répond une employée, les yeux mouillés. "En fait, c'est un peu un jour de deuil aujourd'hui. On doit dire au revoir à notre deuxième famille. Donc oui, c'est un peu difficile aujourd'hui.", réagit une autre.

Audi employait 3 000 personnes venant de toute la Belgique. "Nous travaillons ensemble ici depuis 41 ans. Et maintenant, c'est fini", regrette une travailleuse néerlandophone. 

Des souvenirs et une inquiétude pour l'avenir

Deux cents à trois cents travailleurs se sont rassemblés devant l'usine, partagés entre émotion et souvenirs de plusieurs décennies passées ensemble. "Pour ma part, j'ai travaillé 35 ans ici avec la plupart de ceux qui sont ici", explique l'un d'entre eux. "Avec les collègues et tout, on était comme une grande famille. Plus ici en train de travailler qu'à la maison avec notre propre famille", estime un autre.

A plus de 50 ans, pour trouver du boulot, ça va pas être évident

Mais l'inquiétude domine aussi. "Le problème, c'est que l'avenir... on n'a plus d'avenir nous autres", pense un employé sur place. "À plus de 50 ans, pour trouver du boulot, ça va pas être évident", fait-il remarquer.

Une préoccupation partagée par Mario, 38 ans de carrière dans l'usine, qui se sent abandonné. "Ça fait mal. Presque 39 ans ici. C'est ma vie. Et ça fait mal... maintenant, dehors."

Philippe, lui, avait été licencié en 2006 par Volkswagen. Il est revenu aujourd'hui devant l'usine pour soutenir ses anciens collègues. "Dégoûté. Je suis dégoûté. Avec tout ce qu'on a fait, dégoûté. Et que ces Allemands partent avec notre argent, je veux dire", déplore-t-il.

"Je connais mieux mes copains que ma femme", sourit un autre. "C'est huit heures par jour ici. C'est un tiers de ma vie que j'ai passé ici pendant 40 ans. J'ai travaillé 40 ans ici."

Les sous-traitants également touchés

La fermeture impacte aussi les sous-traitants d'Audi. Ils ont installé un campement devant l'usine depuis des mois, espérant obtenir de meilleures primes de licenciement. "Nous attendons un avocat pour savoir ce qu'on peut faire. S'il faut utiliser la force, la justice... On fera tout ce qui est nécessaire pour avoir quelque chose de convenable pour nos enfants. Pour pouvoir passer à autre chose. Parce que là, on ne sait pas passer à autre chose", réagit l'un d'eux.

C'est une page de leur histoire personnelle avec cette usine qui se tourne. L'aventure Audi s'est officiellement terminée à Forêt.

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