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Ce samedi, pile 8 jours des élections, Georges-Louis Bouchez (MR) et Théo Francken (N-VA) se sont affrontés dans un "Match" Nord-Sud exceptionnel. Les deux orateurs de droite semblaient avoir plus de points communs que de différends. Formeront-ils un gouvernement ensemble sans PS et écologistes ? Voici le résumé de "Bouchez - Francken : Le Match", à revoir sur RTL play.
Le président du MR et le cadre de la N-VA ont exprimé leurs points de vue sur de nombreux thèmes. Le premier et probablement le plus intéressant, concerne le futur de la Belgique.
Confédéralisme et réforme de l'État
Mais que veut dire ce mot parfois un peu mystérieux ? Confédéralisme rime-t-il avec la fin de la Belgique ? Que veut réellement la N-VA ?
Théo Francken remet les bases en place, dès le début du match : "Ça ne signifie pas la fin de la Belgique", explique-t-il d'emblée. "La Belgique doit mieux fonctionner et devenir plus forte. C'est nécessaire pour avoir plus d'autonomie pour les états fédérés. La Flandre aura plus de pouvoir et la Wallonie et Bruxelles aussi", développe le député N-VA.
Nous n'allons pas chasser le roi
Il continue ensuite d'expliquer les tenants et aboutissants du système confédéraliste dont il rêve : "Nous ne voulons pas scinder l'armée, ni la diplomatie. Tout cela reste belge, bien sûr". Théo Francken rassure ensuite les royalistes : "Pour ceux qui aiment le roi, moi, je suis républicain, mais nous n'allons pas chasser le roi. La Belgique doit continuer d'exister. Les Diables Rouge, la royauté, le drapeau bien sûr", ironise-t-il en pointant le pin's belge porté par Georges-Louis Bouchez.
Georges-Louis Bouchez a lui aussi parlé de scission. Concernant le chômage, il souhaite responsabiliser et récompenser une région qui parvient à réduire suffisamment le nombre de ses chômeurs grâce à leur activation. "Je ne sais pas pourquoi ça a surpris, j'ai toujours dis que j'étais prêt à une réforme de l'État qui rende l'État plus efficace. Ça veut dire refédéraliser certaines compétences, ça veut dire aussi responsabiliser financièrement", explique-t-il sur notre plateau tout en reconnaissant que cette volonté-là coïncide avec celle de la N-VA.
"Certaines compétences, comme le chômage, sont exercées par les régions, mais payées par le Fédéral, donc les régions n'ont pas d'intérêt à les améliorer", développe Georges-Louis Bouchez.
Étriller le PS
S'il y a un thème qui est revenu à plusieurs reprises dans la bouche du président libéral, c'est le PS. Georges-Louis Bouchez n'a pas manquer de pointer les socialistes du doigt sur plusieurs thèmes : chômage, immigration... En somme, il souligne la mauvaise gestion des socialistes en Wallonie. Pour le libéral qui pourrait aspirer à devenir ministre-président wallon, il faut faire basculer la coalition vers le centre-droit au sud du pays "pour ne plus subir toute une série de politiques".
"Je suis certainement celui qui aime le plus la Wallonie", assure Georges-Louis Bouchez. "Quand on aime quelqu'un ou quelque chose, il faut avoir l'honnêteté envers ce quelqu'un ou cette chose de dire la vérité. C'est presque un exploit d'avoir de si mauvais résultats quand on a tant d'atouts, c'est l'exploit du Parti socialiste", lance le président du MR.
Théo Francken et Christophe Deborsu ont évidemment tempéré les ardeurs du libéral en soulignant qu'il était au pouvoir de nombreuses années aussi : "Le MR est au pouvoir depuis tellement longtemps, mon analyse de la Vivaldi, budgétairement, c'est un drame. Vous êtes aussi dans le gouvernement, est-ce que vous êtes une alternative ? Non, la N-VA est une alternative, c'est pour ça qu'on a déposé des listes en Wallonie", rétorque Théo Francken.
Bart De Wever Premier ministre ?
"Oui, enfin", souffle Théo Francken. "Je vous le confirme. Personnellement, non, il n'a pas cette ambition. C'est un job extrêmement difficile et il adore être bourgmestre d'Anvers. Il se rend compte que c'est son boulot.
Francken se lance ensuite dans une éloge de son président de parti : "Ça fait 25 ans que je suis dans la politique. C'est le politicien le plus éloquent et le plus populaire que j'ai rencontré. Il a une vision à long terme, stratégique, et c'est un bon leader. Il doit bien diriger ce pays, à la faveur des Wallons, parce que s'il est élu, il sera très aimé en Wallonie, je vous le promets", assure Théo Francken.
Une coalition N-VA et Vlaams Belang ?
"Non", répond Francken. De nombreuses thématiques chères à la N-VA se jouent au niveau fédéral. "Le Vlaams-Belang ne veut pas être dans un gouvernement fédéral, donc ce n'est pas un partenaire."
Immigration
Sur le thème de l'immigration, MR et N-VA semblent s'entendre. L'homme fort flamand souhaite instaurer un "modèle australien". Que veut dire ce terme et est-il approuvé par le MR ? "Je ne crois plus dans le système actuel", déclare Théo Francken. "60 % des migrants doivent rentrer, mais ils ne le font pas, ils restent ici, la police essaye de les expulser, mais ça ne marche pas", déplore le partisan N-VA.
Georges-Louis Bouchez approuve le constat : "Faire venir des personnes en situation illégale dans notre pays et puis leur dire : 'Vous introduisez une demande', et ils doivent attendre plus de deux ans. Le résultat, c'est quoi ? C'est qu'on n'arrive pas à les renvoyer dans leur pays. Il y a 120.000 ordres de quitter le territoire qui ne sont pas respectés en la matière", regrette le président du MR.
"Je pense qu'il vaut mieux prendre le modèle australien qui a été lancé par les socialistes australiens", souligne bien Théo Francken. "Ils protègent mieux leurs frontières et empêchent les entrées illégales." La procédure, à l'instar du modèle britannique, sera externalisée en dehors des frontières européennes : "Pas au Rwanda, mais on regarde pour l'Albanie, la Macédoine du Nord, les Balkans par exemple", explique-t-il.
Fonctionnaires européens dans les pays d'émigration
Pour le fonctionnement même, il privilégie plutôt une autre approche : "Notre proposition, c'est que des fonctionnaires européens puissent aller dans les pays d'émigration, analyser les dossiers. Les personnes qui sont dans les conditions viennent chez nous, de façon sûre. En avion, et ne risquent plus leur vie en Méditerrannée. Les personnes qui ne sont pas dans les conditions ne peuvent pas venir et qui viennent malgré tout dans notre pays, elles doivent être automatiquement renvoyées dans le leur", conclut Georges-Louis Bouchez.
Défense
Face à la menace russe, comment doit réagir la Belgique ? Là encore, les deux politiciens s'entendent. "Il y a une menace à notre frontière de l'Est. Elle n'a jamais été aussi grande. Nous devons augmenter les dépenses militaires. C'est une priorité pour la N-VA et ça le sera encore plus. Actuellement, nous n'avons pas de protection sol-air. L'OTAN est à Bruxelles, c'est la capitale diplomatique du monde et nous n'avons pas toutes ces armes que les verts nous interdisent", regrette Théo Francken.
"Je suis d'accord", renchérit Georges-Louis Bouchez. "Est-ce que vous vous rendez compte que les écologistes ne voulaient même pas envoyer des gilets pare-balles et des casques en Ukraine. On l'a fait grâce à David Clarinval comme Vice-premier ministre et Hadja Lahbib."
Les deux hommes s'accordent aussi sur le montant d'investissement équivalent à 2 % du PIB dans la Défense.