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COP29: 300 milliards de dollars par an pour aider les pays les moins développés, pas assez? Voici la réponse d'un expert

Les pays les moins développés sont insatisfaits des propositions issues à ce jour de la COP29. Aucun accord n'a été trouvé pour le moment. François Gemenne est professeur à HEC Paris et chercheur à l'Université de Liège, spécialiste du climat et des migrations, a répondu aux questions de RTL info. 

RTL info: Quelle est votre réaction à chaud quand vous voyez que cette COP 29 joue les prolongations ce samedi soir ?

François Gemenne: C'est évidemment une réaction d'inquiétude parce que le sujet de cette COP, il est évidemment crucial. On a présenté cette COP comme une COP de la finance, qui donnait un peu l'impression que c'était une réunion de banquiers. Mais en réalité, le sujet crucial, c'est la capacité des pays du Sud non seulement à faire face aux impacts du changement climatique, mais également à leur réaliser leur transition. Et bien entendu, si les pays du Sud ne peuvent pas réaliser leur transition énergétique et climatique, ça risque d'annuler les efforts que nous avons faits en Europe et dans les pays occidentaux. Et donc, ce n'est pas juste l'idée de donner l'aumôle aux pays du Sud, c'est également dans notre intérêt, bien entendu, que ces financements soient débloqués. Et ces financements de surcroît existent, il suffit simplement de les réorienter. Et donc, c'est mon sentiment d'inquiétude d'avoir la coopération internationale bloquée sur ce sujet ce soir.

Les pays riches auraient proposé une aide de 300 milliards de dollars par an aux pays les plus pauvres pour les aider dans cette transition écologique, mais ces derniers ont refusé. Est-ce trop peu pour faire face aux défis de ces pays?

F.G: Oui, clairement, c'est trop peu. En France, un récent rapport a estimé que les besoins de la France pour sa transition, c'était 67 milliards d'euros par an. Très clairement, quand on annonce le chiffre de 1.000 milliards, ça paraît évidemment énorme à l'échelle individuelle, mais ce n'est en réalité que 15 fois les besoins estimés pour la France. Et les pays du Sud, évidemment, sont bien plus nombreux que 15 fois la France.

De manière très concrète, à quoi devrait ou pourrait servir cet argent?

Cet argent servirait à financer les énergies à bas carbone. Il faut savoir qu'aujourd'hui, on a environ 1.000 milliards de dollars qui sont investis chaque année dans les énergies fossiles. Il faut réaliser que le montant qui est demandé par les pays du Sud, c'est simplement une réorientation de cet argent qui, en réalité, existe déjà. Et donc, bien entendu, cet argent, il va servir à la fois à engager la transition énergétique, mais il va servir aussi à faire face aux impacts du changement climatique.

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