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COP29: pourquoi les États insulaires et pays les moins développés ont quitté la table d'une réunion

La COP29, dont les négociations patinent sur l'adoption d'un nouvel objectif de financement climatique à destination des pays en développement, a connu une nouvelle phase de dramatisation samedi en fin d'après-midi à Bakou.

Pas d'accord plutôt qu'un mauvais accord. Les petits États insulaires (AOSIS) et les pays les moins développés (LDC), qui représentent deux groupes de négociations aux COP climat, ont quitté la table, en guise de protestation, en pleine réunion avec la présidence azerbaïdjanaise de la COP29. 

"Nous voulions envoyer un signal que nous ne devrions pas et ne pouvons pas être ignorés", a expliqué Jiwoh Abdulai, ministre de l'Environnement et du Climat du Sierra Leone, assurant toutefois que les pays les moins développés (LDC) ne voulaient pas quitter définitivement la COP29. "Le processus n'est pas aussi inclusif qu'il devrait l'être", a-t-il encore estimé.  

Petits États insulaires (AOSIS) et pays les moins développés reprochent à la présidence de la COP29 de ne pas avoir été consultés par rapport à certaines parties d'un projet de texte actuellement sur la table.

L'origine de la colère est un projet de texte final, non publié officiellement par les organisateurs de la COP29 mais présenté à huis clos aux pays ce samedi. Dans ce projet, les pays occidentaux (Europe, Etats-Unis, Canada, Australie, Japon, Nouvelle Zélande) s'engageraient à augmenter de 100 à 300 milliards de dollars par an, d'ici 2035, leur engagement de financements pour les pays en développement. Mais moins que les demandes des pays en développement qui exigent au moins le double.

Toute la fin de journée est bouleversée après que des représentants de pays en développement ont claqué la porte d'une réunion avec la présidence. Une séance de clôture était prévue en début de soirée, 24 heures après la fin théorique de la COP. Mais les délégués se préparent déjà à une seconde nuit de prolongation en faisant des provisions de nourriture.
 

"Nous sommes les pays qui probablement sont le plus touchés par le changement climatique. Nos pays n'y ont pas beaucoup contribué, mais nous sommes affectés", a poursuivi Jiwoh Abdulai. Nous sommes ici pour négocier, mais nous sommes partis parce que nous avons l'impression de ne pas être entendus", a déclaré Cedric Schuster au nom du groupe des Etats insulaires (Aosis), en compagnie du représentant des 45 pays les plus pauvres de la planète. "J'espère que c'est la tempête avant le calme", a rapidement commenté l'émissaire américain, John Podesta.

Projet d'accord 

Le projet d'accord tente de concilier les demandes des pays développés, notamment l'Union européenne, et celles de ceux en développement, qui ont besoin de plus d'argent pour s'adapter à un climat plus destructeur, réchauffé par tout le pétrole et le charbon brûlé depuis plus d'un siècle par les premiers.

Les pays occidentaux réclamaient depuis des mois d'élargir la liste onusienne, datant de 1992, des Etats à qui incombe la responsabilité de cette finance climatique, estimant que la Chine, Singapour ou des pays du Golfe s'étaient depuis enrichis.

Mais ces pays semblent avoir obtenu ce qu'ils souhaitaient: le texte stipule clairement que leurs contributions financières resteront "volontaires". 

Bataille avec les Saoudiens

Une première proposition vendredi des pays riches d'augmenter leur promesse de soutien financier à 250 milliards d'ici 2035 avait déjà été rejetée par les pays en développement.

Les Européens exigeaient d'autres avancées dans le compromis final. L'UE s'oppose à l'Arabie saoudite et ses alliés qui refusent toute revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre. "Il y a eu un effort extraordinaire des Saoudiens pour qu'on n'obtienne rien", s'étrangle un négociateur européen. "Nous ne laisserons pas les plus vulnérables, en particulier les petits Etats insulaires, se faire escroquer par les quelques nouveaux pays riches des énergies fossiles qui ont malheureusement le soutien à ce stade de la présidence" azerbaïdjanaise, a dénoncé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, sans nommer de pays.

Celui-ci porterait le financement climatique à 300 milliards de dollars par an d'ici 2035, et non à 250 milliards de dollars comme le prévoyait un précédent brouillon, un montant toujours jugé insuffisant par les pays en développement.

Pas assez, disent donc les pays pauvres, qui exigent le double pour pouvoir s'adapter au changement climatique. Les discussions continuent en coulisses, sans certitude d'aboutir. Américains et Européens se montrent prudents. "Il faut continuer à travailler jusqu'à un accord", affirme John Podesta, envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat. "Nous faisons tout pour construire des ponts sur tous les axes et obtenir un succès", ajoute Wopke Hoekstra, commissaire européen pour le climat. "Mais il est incertain de savoir si nous réussirons."

Les occidentaux sont fâchés, car la Chine, Singapour et les pays du Golfe ne figurent pas sur la liste des pays responsables de la finance climatique. Leur contribution reste donc volontaire. La tension reste palpable à Bakou.

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