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Le procès en appel de l’affaire Black Eagle, l’un des plus grands dossiers de narcotrafic jugés à Bruxelles, s’est ouvert ce lundi. Arben I., l’un des accusés, nie en bloc sa participation.
L’affaire Black Eagle, qui secoue la justice bruxelloise depuis plusieurs années, est de retour devant la cour d’appel de Bruxelles.
En juin 2024, le tribunal correctionnel avait condamné 35 des 40 prévenus à de lourdes peines, dont 9 ans de prison pour deux figures majeures du dossier. Le parquet fédéral avait fait appel, et le procès s’est rouvert ce lundi.
Une organisation criminelle tentaculaire
Au total, 34 personnes comparaissent dans cette affaire, accusées d’appartenir à une organisation criminelle internationale impliquée dans un gigantesque trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe.
Les sommes évoquées donnent le vertige : 13,4 millions d’euros et des tonnes de drogue écoulées à travers le continent.
Arben I. clame son innocence
Parmi les prévenus, Arben I., un Albanais de 62 ans, a été interrogé ce lundi par le président de la 14e chambre. Dès l’ouverture de son audition, il a rejeté fermement les accusations : "Je ne sais pas ce que je fais là", a-t-il lancé.
L’homme est pourtant présenté comme le cousin d’Alfredo H., considéré par la justice comme l’un des cerveaux de l’organisation.
Selon le parquet, Arben I. aurait joué un rôle clé dans le blanchiment d’argent du réseau via des investissements immobiliers et aurait servi d’intermédiaire entre son cousin et une organisation criminelle basée à Majorque.
Des écoutes contestées par la défense
L’un des éléments à charge concerne une écoute de décembre 2018, où Arben I. serait entendu en compagnie de son cousin et de deux hommes discutant d’une livraison de cocaïne depuis le Surinam et la Colombie par bateau de pêche.
Je n'étais pas là
Ce dernier nie catégoriquement : "Je n'étais pas là. Et il n'y a jamais eu de discussion pareille", s’est-il défendu, ajoutant : "Ça ne m'intéresse pas des affaires de ce genre. Je viens d'une bonne famille, personne chez nous n’a eu de problèmes avec la justice".
Son avocat, Me Christophe Van Der Beesen, a soulevé un point crucial : l’enregistrement original de cette écoute, issue d’une enquête espagnole, n’aurait jamais été intégré au dossier belge, seule une retranscription traduite figurant au dossier.
Des voyages et cadeaux suspects
Arben I. a également dû s’expliquer sur une montre de luxe d’une valeur estimée à 415.000 euros qu’il aurait reçue de son cousin. Là encore, il minimise : "Je ne m'y connais pas dans les montres. J'ai compris par après qu'il s'agissait d'une fausse".
Enfin, l’accusé a nié tout lien avec les voyages en jet privé à Aruba, où, selon l’enquête, se déroulaient des réunions stratégiques entre narcotrafiquants. Concernant un séjour de cinq jours à Amsterdam avec Alfredo H. et un ami de Miami, il a affirmé qu’il s’agissait uniquement "d’un voyage de plaisir".
Les interrogatoires des prévenus reprendront mardi. Ce procès, qui devrait s’étaler sur plusieurs semaines, est l’un des plus suivis de l’année pour la justice bruxelloise.