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Salles de sport: "On est au bord de l'asphyxie"

Toujours fermées par le gouvernement, "au bord de l’asphyxie", cinq salles de sport bruxelloises ont lancé une pétition pour la réouverture de leur secteur qui a recueilli plus de 7.000 signatures en deux semaines. Une réunion avec Barbara Trachte, la ministre bruxelloise de l’Economie s’est déroulée mardi. Les gérants de ces salles ont réclamé des aides supplémentaires. Ils vont désormais rencontrer le ministre fédéral des PME, David Clarinval.

Cinq salles de sport bruxelloises (Aspira Belgique, Crossfit Dansaert, David Lloyd, l’Usine et Yoga Room) ont formé le collectif "Sport is essential" et lancé une pétition pour leur réouverture. "On est totalement oublié par les autorités depuis 180 jours. Il n’y a même plus de mention du sport dans les comités de concertation." explique Pierre Rousseau, le président de Yoga Room.

Tous ensemble, ils se sont fait entendre lors d’un rendez-vous, mardi, avec la ministre du Budget à Bruxelles, Barbara Trachte. Les représentants du collectif sont sortis abasourdis de cette réunion. "La ministre nous a avoué qu’on a été oublié" raconte Corentin Poels, un des patrons du Crossfit Dansaert. "Elle nous a expliqué qu’il existait un flou et qu’ils pensaient qu’on était lié au sport de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Or c’est le cas pour des clubs sportifs rattachés à des fédérations mais pas pour nous qui sommes des salles privées et indépendantes."

Les propriétaires de salles de sport ont demandé des aides supplémentaires pour tenir le coup. "On nous a dit qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses" poursuit Corentin. "C’est une situation inacceptable, on est beaucoup moins soutenu qu’en Flandre par exemple. Une des salles, David Lloyd, a 100.000 euros de frais fixes tous les mois. Ils ont une salle à Bruxelles et une autre à Anvers. En Flandre ils ont reçu environ 120.000 euros (NDLR: un chiffre que nous n'avons pas pu vérifier) d’aide tandis que la salle de Bruxelles reçoit quelques milliers d'euros", affirme Corentin.

"Les salles de sport sont éligibles à la prime de 5.000 euros pour les commerces dit "non essentiels" explique Nicolas Roelens, le responsable communication de la ministre. "Leur demande était d’entrer dans l’autre prime, plus importante, mais qui s’adresse à d'autres secteurs, surtout l’Horeca. La ministre leur a dit qu’elle étudierait la possibilité de la chose."

En ce qui concerne la différence des aides entre la Flandre et Bruxelles, l’explication est très simple selon Nicolas Roelens "la Flandre a donné plus dans tous les secteurs mais les budgets ne sont pas comparables. On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a d’autant qu’on se doit de rester responsables."

Pour Corentin Poels, "le sport est un parent oublié de cette crise sanitaire". Une des raisons pourrait être l'absence d'un représentant fort. "Les restaurants/bars ils sont bien représentés avec des fédérations assez fortes comme Comeos pour les commerces donc ils se font entendre. Malheureusement le sport en Belgique, ce sont soit des ASBL qui font du sport avec des enfants ou des clubs privés de yoga, de fitness mais qui sont totalement morcelés et qui ne se font pas entendre."

Une autre réunion est fixée pour le vendredi 12 février prochain avec le ministre fédéral des indépendants et PME David Clarinval pour parler cette fois de réouverture. "On est assis sur une bombe à retardement" prévient Corentin Poels qui décrit une situation financière de moins en moins tenable. "Ça fait six mois qu’on est fermé. Jusqu’au 31 janvier il y avait un moratoire sur les faillites qui nous protégeait mais maintenant c’est fini. Les banques ont aussi recommencé à prélever les remboursements d’emprunts (mesure qui avait aussi été suspendue, ndlr) mais on ne peut toujours pas ouvrir. Certains indépendants vont être obligés de rouvrir de gré ou de force mais ça n’est plus tenable."

Il faudra certainement un an avant de retrouver une situation d’avant-confinement

Pour qu’une réouverture soit possible, il faut qu’elle ait lieu dans un respect strict des règles sanitaires. Afin de satisfaire cette exigence, un protocole rigoureux, qui avait déjà été validé par les autorités lors de la réouverture l'été dernier, est remis sur la table. Pour Pierre Rousseau, les salles ont évidemment leur rôle à jouer dans la sécurité sanitaire de leurs clients mais il est bien conscient "qu’on ne peut pas tout faire, c’est impossible. La mesure la plus importante c’est de responsabiliser les gens par rapport au fait qu’ils viennent dans un endroit où il y a du public."

Même en cas de réouverture, les gérants craignent de pas récupérer toute leur clientèle d’avant crise. Ces derniers mois, Corentin Poels a toutefois pu compter sur le soutien d’une partie de sa clientèle. "On a une communauté forte dans le quartier, qui nous soutient. Il y a des gens qui ont décidé de continuer de payer mais d'autres qui ont demandé qu’on gèle leur abonnement. Les gens qui ont continué à payer nous ont permis d’apporter un peu d’eau au moulin et de continuer à subsister mais on trouve que ça n’est pas à eux de nous soutenir à perte alors qu’ils ne reçoivent pas de service en échange. Et pour être clair : on tourne avec un quart des abonnés qui continuent à payer. Quand on va rouvrir, ça ne va pas passer d’un quart à 100% d’un seul coup."

Un autre argument mis en avant par les gérants pour la réouverture de leurs salles, c’est la possibilité de traçage. "On est en 2021"précise Pierre Rousseau,"aujourd’hui tout est informatisé donc on est capable de tracer chaque entrée et chaque sortie. Ce n’est pas comme les restaurants où on note le nom des gens sur un bout de serviette qui disparaît on-ne-sait-où après. Ici on sait dire qui est venu, quand il est venu, à quelle heure, avec qui il a pratiqué. Et en plus on peut les contacter par email puisqu’on a leurs données."

Prévue le vendredi 12, la réunion avec le ministre Clarinval s'annonce déterminante.

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