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"J'opérais nuit et jour sans m'arrêter": Ahmed, chirurgien palestinien, a trouvé refuge en Belgique, il raconte son calvaire à Gaza

Ahmed Moghrabi est arrivé à Bruxelles il y a trois semaines. Ce médecin palestinien a trouvé refuge dans notre pays après la destruction de son hôpital par l'armée israélienne. Il témoigne.

"Gaza n'existe plus, la ville est entièrement détruite", dit-il, dépité. Ahmed Moghrabi est chirurgien plastique, spécialiste des grands brûlés. Il décrit des conditions de travail atroces depuis la guerre. La peur, la violence, le manque de médicaments et de matériel.

"J'opérais nuit et jour sans m'arrêter. On faisait face à des centaines de corps et des centaines de blessés arrivaient toutes les heures", raconte notre interlocuteur. Le chirurgien se souvient notamment d'un petit garçon de 9 ans, très grièvement blessé et qui avait perdu toute sa famille: "Honnêtement, je l'ai regardé, je me sentais impuissant, je ne savais pas comment le soigner. C'était le seul survivant de sa famille, je voulais faire tout mon possible pour cet enfant et je l'ai fait, je l'ai sauvé."

Il raconte aussi toutes ces fois où il n'a malheureusement rien pu faire pour sauver les blessés. En février dernier, quand l'armée israélienne a commencé à attaquer l'hôpital Nasser, Ahmed Moghrabi a décidé de fuir la bande de Gaza avec toute sa famille vers l'Egypte. Sa femme et ses 6 enfants sont toujours au Caire. Ahmed les appelle chaque jour.

"On ne trouvait même plus de quoi manger. Il n'y avait rien. Je cherchais du pain sec. Ma plus jeune fille de 4 ans, Seba, me demandait du sucré, une banane, mais il n'y avait rien. Que pouvais-je dire à mes enfants?", témoigne-t-il encore.

À 47 ans, il a pu obtenir un visa étudiant pour venir en Belgique grâce à l'aide de son amie réalisatrice, Delphine Noels, qui l'héberge. "Là, maintenant qu'on est en train de travailler à essayer de faire venir sa famille et que je le vois retrouver des perspectives, c'est émouvant", avance cette dernière.

Le chirurgien poursuit son action pour aider la population gazaouie. Avec Delphine, ils ont créé l'association Compassionate hearts for Palestine, une clinique qui a déjà vu le jour, bientôt une école. "Il n'y a plus d'école à Gaza. Nous avons environ 70 enfants prêts à être scolarisés en primaire dans un camp de réfugiés", ajoute le Palestinien.

Sans statut, les enfants du chirurgien ne peuvent aller à l'école en Egypte. Ils ne rêvent que d'une chose, poursuivre leur scolarité interrompue pour la deuxième année consécutive. Ahmed Moghrabi les attend avec impatience en Belgique.

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