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L'ancienne top-modèle a gardé l'identité de son agresseur secrète, mais a raconté qu'elle avait retrouvé l'homme - qu'elle connaissait - peu après avoir décroché son diplôme à l'université, croyant qu'il s'agissait d'une réunion de travail pour discuter de sa participation à un casting pour un nouveau film. L'homme l'a ramenée à son hôtel, prétextant vouloir lui appeler un taxi depuis sa chambre. Il est à la place allé dans la salle de bains avant d'en ressortir nu et de la violer, a-t-elle confié.
"C'était comme une bagarre... J'avais peur de me faire étouffer ou quelque chose comme ça", témoigne l'actrice dans le documentaire. "Je ne me suis pas beaucoup débattue. Je ne l'ai pas fait. J'étais juste complètement pétrifiée. Je pensais que mon 'non' aurait dû suffire. Et je me disais seulement: 'reste en vie et pars'". Après l'agression, Brooke Shields se souvient avoir téléphoné à un ami qui travaillait dans la sécurité, Gavin de Becker, qui lui a dit : "C'est un viol", ce à quoi elle a répondu : "Je ne suis pas prête à le croire". Jusqu'à présent, l'actrice ne s'était jamais exprimée publiquement sur son agression.
Cette révélation, qui fait écho à la vague #MeToo, est l'un des nombreux moments poignants du film, qui sera diffusé sur la plateforme de streaming Hulu en deux parties.
La première partie est consacrée à l'intense sexualisation dont Brooke Shields a fait l'objet très jeune, notamment lors d'une séance de photos dénudée à l'âge de 10 ans, ainsi qu'après son apparition à 11 ans dans le film "Pretty Baby" dans lequel elle jouait une enfant prostituée.
Le documentaire montre une jeune Brooke Shields confrontée aux questions lubriques d'hommes beaucoup plus âgés dans des talk-shows, à propos de ses rôles dans des films comme "Le lagon bleu" ou "Un amour infini", et la série controversée de publicités Calvin Klein dans laquelle elle est apparue. Après avoir connu une célébrité mondiale à l'adolescence, la jeune femme est allée à l'université de Princeton. Après avoir obtenu son diplôme, elle a d'abord eu du mal à retrouver des rôles - menant à la sinistre rencontre avec son violeur.
"Mon message personnel, c'est la persévérance, et ne pas vous autoriser à devenir une victime aux yeux d'une société ou d'une industrie", a-t-elle déclaré à l'AFP avant la première du film au festival organisé jusqu'au 29 janvier dans l'Utah (ouest des Etats-Unis) - pour la première fois en présentiel en trois ans, à cause du Covid-19. "Je suis fière de la façon dont j'ai continué d'apprendre, de grandir, de travailler et d'aimer ce que je fais", a-t-elle ajouté.
Le documentaire, qui a valu à Mme Shields une standing ovation à Sundance, narre également l'obsession des médias concernant sa virginité, l'alcoolisme de sa mère et son premier mariage avec la star du tennis Andre Agassi. Plusieurs de ses amis célèbres y sont interrogés, dont Lionel Richie, Laura Linney et Drew Barrymore. L'actrice, qui a aujourd'hui 57 ans, a déclaré que c'était "le bon moment dans (sa) vie" pour apparaître dans un documentaire.
Jeudi avait déjà été projeté le documentaire "Justice", qui explore les accusations d'agression sexuelle contre Brett Kavanaugh, juge à la Cour suprême des Etats-Unis. Premier documentaire du réalisateur Doug Liman ("The Bourne Identity"), il montre le témoignage de Deborah Ramirez, une des accusatrices de M. Kavanaugh, avec qui elle a étudié à Yale.
Y apparaît aussi l'enregistrement audio d'un homme ayant étudié avec eux, qui raconte avoir vu le juge s'exhiber devant une autre femme, "très ivre", lors d'une fête. Ce dernier témoignage n'a été publié dans les médias américains que des mois après la nomination très controversée de M. Kavanaugh en 2018. La femme en question, dont l'identité n'est pas dévoilée, déclare ne pas se souvenir de l'incident. Brett Kavanaugh a nié toute agression sexuelle.