Accueil Actu Vos témoignages

"Quand on voit l’état des allées et des tombes...": François, un habitant de Couillet, exprime sa colère face à l’état du cimetière

À Couillet, François dénonce l'état du cimetière, pointant du doigt le manque d'entretien des tombes et des allées. Entretenir ce lieu de recueillement est, selon la Ville de Charleroi, un défi complexe, mêlant responsabilités communales et familiales. Mahmut Dogru, échevin en charge des cimetières, évoque également un projet de transformation du site dans les prochaines années.

À Couillet (Charleroi), un cimetière suscite l'indignation de François. Cet habitant de la commune, qui a contacté notre rédaction via le bouton orange Alertez-nous, exprime notamment sa colère face à l’état "déplorable" de ce lieu de receuillement. 

"Ce cimetière n’est pas géré du tout. Il faut penser au respect des morts, et je pense qu’on l’a complètement zappé. J’entends bien que les familles doivent s’occuper des sépultures. Mais je trouve que la commune devrait aussi intervenir, ne serait-ce que pour débroussailler", estime-t-il.

"Quand on voit l’état des allées et des tombes... C’est scandaleux", lâche-t-il, déplorant notamment des sépultures recouvertes de bâches ou de simples planches de bois.

Ce n’est pas un cimetière laissé à l’abandon

Face à cette plainte, Mahmut Dogru, échevin en charge des cimetières à Charleroi, pointe entre autres la responsabilité des familles des défunts. "Ce n’est pas un cimetière laissé à l’abandon. Si ce cimetière est dans cet état, c’est que les familles, les ayant droits n’entretiennent plus les sépultures qui sont dans le cimetière. Ou tout simplement qu’il n’y a plus d’ayant droit qui doit s’occuper des sépultures." 

Pour autant, l'échevin reconnaît que l’interdiction des herbicides complique l’entretien des cimetières. "Dire que tout est parfait, ça ne serait pas la vérité. Avec l’interdiction de l’utilisation des glyphosates, on a énormément des problèmes à entretenir les cimetières. Il faut savoir qu’à Charleroi, nous avons 80 hectares de cimetière. Ce n’est pas chose facile, mais on s’attelle à la tâche pour avoir quelque chose de décent." 

Mahmut Dogru explique par ailleurs que la commune projette de transformer le cimetière de Couillet en "parc cimetière". "On a grandement limité le nombre d’inhumations dans ce cimetière, dû à sa position géographique. C’est une parcelle de terre qui est très pentue. Et avec le changement climatique et les fortes pluies, on a peur pour la stabilité de ce cimetière. À terme, on voudrait cesser les inhumations dans ce cimetière", indique-t-il.

L'élu local précise que ce cimetière de Couillet fait partie d’un plan global de réaménagement des cimetières de Charleroi. En cours depuis plusieurs années, ce projet inclut un vaste programme d’exhumations pour libérer des espaces verts dans les parcelles abandonnées. "Ces dernières années, on a remis de l’ordre, et tout ce qui est sépultures pas entretenues ou qui tombent en ruine, il faut les enlever pour avoir une meilleure vision des cimetières. On a lancé le plan cimetière 2020-2050, et on est en phase de faire de grandes exhumations. Il faut savoir que depuis le début de ma mandature, on a fait plus de 9 000 exhumations", précise-t-il.

"L’objectif est de récupérer les parcelles où les tombes sont abandonnées et d’en faire des espaces verts pour diminuer l’entretien des parcelles qui n’ont plus d’ayant droit. Le but est ainsi d'avoir des cimetières beaucoup mieux entretenus, plutôt que des cimetières où les sépultures sont laissées à l’abandon. À Charleroi, il y a beaucoup de sépultures à enlever, car il n’y a plus de famille qui s’en occupe ou entretient."

 

Dans certaines communes, l’entretien des cimetières pose de gros problèmes

De son côté, Xavier Deflorenne, coordinateur de la cellule de gestion du patrimoine funéraire au Service public de Wallonie (SPW), ne s'étonne pas de l’état de certains cimetières wallons. "Cela ne m’étonne pas du tout que des citoyens se sentent en inégalité selon les communes", concède-t-il.

La charge de gestion des cimetières est plus importante pour les communes disposant de nombreux sites à entretenir. "Il est connu que dans certaines communes, l’entretien des cimetières pose de gros problèmes. Différentes thématiques vont apparaître selon les communes que vous abordez. Certaines vous diront, 'depuis qu’il est interdit d’utiliser des produits phytosanitaires, de pulvériser dans les cimetières, l’entretien est beaucoup plus compliqué. C’est un faux argument, à partir du moment où depuis 2015, on apprend aux communes à végétaliser les sites."

Xavier Deflorenne rappelle que la responsabilité communale ne se limite pas simplement à l'entretien des allées. "Dans un cimetière, l’entretien est double. D’une part, la commune a une obligation d’entretenir notamment les allées et les parcelles entre les tombes de monuments. Pour ce qui est des monuments, c’est-à-dire des emplacements affectés aux familles, ce sont les familles qui sont responsables du suivi de l’entretien des monuments", rappelle-t-il.

Et d'ajouter : "La commune a une obligation de suivi d’entretien. Elle doit surveiller comment les familles entretiennent leur propre emplacement. Mais les familles ont une vraie responsabilité. Si le cimetière est mal entretenu au niveau des allées, entre les tombes... C’est la commune qui est pleinement responsable. Si ce sont des emplacements privés, qui présentent des mauvaises herbes, des monuments qui basculent, c’est la famille qui est en cause. Mais la commune a une responsabilité d’affichage. Elle doit dire aux familles 'Vous êtes obligés de réagir'." 

"Un cimetière reste la carte de visite de la gestion communale", conclut Xavier Deflorenne.

Un cimetière vert est beaucoup plus agréable

Depuis l’interdiction des pesticides et herbicides, les cimetières communaux se transforment petit à petit sous l'effet de nouvelles pratiques écologiques.

Philippe Fudala, écoconseiller pour Cyréo (une coopérative à finalité sociale), explique: "Les communes nous appellent en soutien et en aide pour l’entretien de leurs cimetières, que ce soit de manière préventive en enherbant les espaces ou de manière curative en traitant les pousses spontanées qui apparaissent."

Les interventions sont plus régulières depuis que l'utilisation des pesticides et herbicides est interdite, passant "de deux passages par an à un minimum de huit", précise Philippe Fudala.

"Cela représente un coût plus important, mais l'avantage est que les cimetières sont beaucoup plus beaux. De manière générale, un cimetière vert est beaucoup plus agréable", estime l'écoconseiller. 

"De notre côté, on essaie de respecter le cahier des charges des communes. Certaines d’entre elles ont visé la végétalisation. Dans ce cadre-là, on gère la tonte et l’entretien des parterres. Parfois, les communes décident de garder leur cimetière minéralisé. À ce moment-là, on débroussaille et on désherbe. On fait en sorte que les cimetières restent des zones propres et entretenues. Les demandes sont différentes. Certaines communes prennent du retard, et nous appellent en dernier recours, car elles sentent qu’elles ne parviennent pas à prendre le dessus sur la végétation spontanée. D’autres sont plus préventives en ayant un contrôle sur cette végétation."  

"Certaines communes sont à la traîne, mais ce n’est pas forcément dû à leur incapacité à gérer ça", affirme Philippe Fudala. "C’est aussi dû au fait que les ayants droit ne sont pas encore respectueux des cimetières. Il faut les sensibiliser sur l’entretien écologique d’une sépulture." 

 

À lire aussi

Sélectionné pour vous