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La maladie de Théa lui donnait peu de chance de marcher: l'adolescente de 17 ans se lance à présent dans des compétitions sportives

Théa souffre d'arthrogrypose (de raideurs articulaires) depuis sa naissance, et en quelques années, l'adolescente de 17 ans a réalisé des progrès impressionnants. Alors que sa maladie lui donnait peu de chance de pouvoir marcher, elle se voit à présent évoluer dans des compétitions sportives. 

Théa souffre d'arthrogrypose multiple congénitale (une maladie orpheline caractérisée par des raideurs articulaires), et cette maladie lui donnait, selon des médecins, peu d'espoir de pouvoir réaliser ce qu'elle est capable d'accomplir aujourd'hui.

Âgée de 17 ans, l'habitante de Thimister-Clermont (province de Liège), qui ne savait pas plier ni les bras ni les jambes à la naissance, a relevé de nombreux défis.

"À la naissance, les chances que Théa puisse marcher étaient très faibles. Tout a été mis en œuvre pour qu’elle puisse le faire. À l’âge de 3 ans, elle a subi une première intervention chirurgicale qui lui a permis de découvrir la marche. Elle a ensuite subi plus de 20 interventions chirurgicales pour se retrouver debout et pouvoir se déplacer comme tout le monde", raconte Françoise, sa maman. 

Un suivi médical via des séances de kiné hebdomadaires, de l'hippothérapie et notamment de la danse, lui ont permis d'être plus mobile avec le temps.

À l'école, Théa a reçu le soutien du corps enseignant pour lui permettre d'avoir une vie "comme tout le monde".

"En maternelle, Théa a été scolarisée normalement grâce à une institutrice qui l’a accueillie dans sa classe. Elle est rentrée en classe avec une draisienne. Ne sachant pas marcher, elle ne savait pas se déplacer en classe comme les autres", se souvient Françoise. "En primaires, Théa a également suivi une scolarité normale, car les enseignants ont toujours été fort à son écoute. Son école a toujours mis des choses en place pour elle, comme des professeurs supplémentaires, pour qu’elle puisse partir en voyage avec les autres élèves. Nous avons aussi dû faire appel à des accompagnateurs pour d'autres activités scolaires."

À l'âge de 15 ans, Théa a manifesté son envie de se lancer dans des challenges sportifs, en demandant de pouvoir pratiquer notamment le triathlon. "Il y a deux ans, Théa m’a dit qu’elle voulait pratiquer le triathlon, mais pour elle, ce n’est pas possible. Vu qu’elle a deux pieds-bots, le chirurgien avait été très clair à la naissance, en disant qu’elle les aurait aussi pour la course à pied. Elle est née avec les pieds retournés vers l’extérieur. Les pieds sont figés à cause de la maladie. Et les genoux ne plient qu’à une vingtaine de degrés."

 

Ses premiers pas dans le sport, Thé les réalise notamment avec le soutien de l'ASBL Leg's go, une école de course à pied, mais également une école d’inclusion. Un coach lui a ainsi fait alors découvrir le handbike. Cette discipline du paracyclisme se pratique avec un vélo possédant trois roues. Un vélo tracté par la roue avant à l'aide d'un système utilisant l'énergie des bras. 

"Cela fait deux ans qu’elle le pratique, et elle s’épanouit. Voilà comment tout a débuté au niveau sportif. Théa continue à participer à des compétitions et elle a un programme adapté", se réjouit sa maman.

Dans le handbike, je suis libre de faire ce que je veux

Théa a déjà passé des tests pour savoir dans quelle catégorie elle va pouvoir évoluer dans le handbike en compétition. (en savoir plus sur la classification des sportifs)

"J’ai voulu me diriger vers le triathlon, et finalement, on m’a trouvé le handbike. J’ai rejoint le groupe Let’s go, un groupe d’inclusion inversé, et au mois d’avril, si tout va bien, je devrais intégrer un club de paracyclisme, les Rolling Lions, qui roulent un peu partout en Wallonie. J’intégrerais également la Ligue de handisport francophone", indique Théa.

 

La Thimistérienne désire participer à plusieurs compétitions pour développer son potentiel. 

"J’aimerais participer à plus de compétitions avec un handbike. Jusqu’à présent, j’ai fait des joggings, mais avec des personnes valides. Le handbike permet de faire un sport qui est adapté à moi. J’ai déjà fait de la danse plus jeune, mais ça n’était pas adapté à mes besoins. Dans le handbike, ça l’est, et je suis libre de faire ce que je veux. J’ai suivi les Jeux olympiques de Paris, et je me suis dit que ça pourrait être pas mal de pouvoir un jour se fixer des objectifs, si j’y arrive."

Théa recherche également le meilleur équipement possible. "J’ai un vélo à prêter, mais pas vraiment adapté. On a entamé les démarches pour en avoir un nouveau, beaucoup plus performant. On va devoir m’acheter de l’équipement, comme un casque plus aérodynamique. Je suis aussi suivie au niveau nutrition, pour pouvoir gérer quand je serai en compétition. Je suis aussi suivie par un ostéopathe et un kiné." 

En 2025, Théa aimerait débuter les compétitions dès le mois d’avril. 

Des événements comme les Jeux olympiques de Paris ont vraiment eu un impact

Le handisport est-il de plus en plus accessible pour les sportifs amateurs et ceux qui désirent évoluer au plus haut niveau? Nous avons posé la question à Jonathan Libert, le porte-parole de la Ligue Handisport Francophone.

"Il est plus facile de pratiquer ces sports, car il y a de plus en plus de clubs, qui proposent des activités handisportives. L’offre est nettement plus étendue qu’il y a quelques années. Des événements comme les Jeux de Paris ont vraiment eu un impact plus que considérable sur la pratique et la vision de l’handisport en général. Il y a de plus en plus de clubs qui nous rejoignent dans l’optique de pouvoir accueillir des sportifs déficients. Il n’y a pas de critères à remplir pour pouvoir rejoindre un club handisport. Les clubs n’ont pas pour vocation de demander un dossier. Ils accueillent les sportifs qui se présentent à eux, suivant ce qu’ils proposent. On va parler de critères dans le cadre de compétitions, ou à ce moment-là, on doit remplir des dossiers plus techniques." 

Un des objectifs de la Ligue Handisport Francophone reste de prôner l'inclusion, et de permettre aux sportifs déficients de pouvoir évoluer aux côtés de personnes valides.

"Le sport loisir est ouvert à tout le monde quelle que soit la déficience. On prône l’inclusion, donc s’il y a des clubs qui accueillent aussi bien des déficients que des 100% valides, c’est encore mieux. Dans la foulée des Jeux, il y a des sportifs qui ont des déficiences, qui se disent 'pourquoi pas moi'. S’il y a une vision compétitive, on va orienter plus dans une voie, que dans une autre. On remarque que tous les 4 ans après les JO, il y a des demandes plus nombreuses. C’était évidemment le cas après Paris. On est habitué. En tant que ligue handisport, on a proposé un événement de découverte et de détection à Andenne, qui a permis de faire découvrir une série de sports à des personnes déficientes. Parmi elles, certaines ont marqué un intérêt pour une pratique plus compétitive. On va mettre en place avec eux le suivi nécessaire." 

Le prix du matériel sportif reste un frein dans la pratique de l’handisport. "Certains équipements sont assez onéreux. On y travaille aussi, surtout avec nos clubs, qui ont grâce à leur affiliation à notre fédération l’opportunité de bénéficier d’une grande part de subventionnement pour leur matériel sportif, via un programme de l’Adeps (chaises roulantes, baskets, matériel plus spécifique…). Cela facilite les choses pour les sportifs. Très récemment, on a eu un accord avec une firme de prothèses de lames de course pour les personnes amputées d’un membre inférieur. Elles peuvent bénéficier de ce type d’avantage. Cela permet de découvrir la course à pied après une amputation." 

Le cheval de bataille de la Ligue reste de pouvoir proposer une activité sportive à toutes les personnes déficientes, "dans un rayon kilométrique raisonnable"."Ce qui n’est pas toujours évident. La situation à Bruxelles n’est pas la même que dans la province du Luxembourg par exemple. Il est encore un peu compliqué de pouvoir trouver un club qui a le matériel, l’offre sportive pour la déficience voulue. On travaille à augmenter le nombre de clubs, et à mieux les équiper, pour pouvoir accueillir un plus grand nombre de sportifs. 
On se rend compte également que les bienfaits de la pratique du sport pour les personnes déficientes sont encore assez méconnus. On doit travailler pour que ça soit davantage connu des différents acteurs. L’accessibilité est un problème, mais une fois que c’est réglé, c’est moins compliqué qu’il n’y paraît."

La Ligue Handisport Francophone suit de près l'évolution d'une trentaine de sports, répartis sous différentes catégories. "Il y a des sports prioritaires, pour lesquels on met en place un développement spécifique, en espérant que ces sports puissent à terme être repris par la fédération sportive valide. C’est le cas avec le tennis. On travaille de plus en plus avec la fédération de tennis Wallonie-Bruxelles. On ne peut pas offrir le même service pour toutes les disciplines, mais l’idée est d’en développer. Il y a deux disciplines qui nous tiennent à cœur, car elles n’ont pas d’équivalent dans les sports valides, c’est la Boccia et le Goalball. Ce sont des disciplines qui sont notre spécialité, spécifiques au handisport." 

En quelques chiffres, plus de 230 clubs ont rejoint la Ligue francophone de handisport (il y a moins de 10 ans, la ligue comptait une cinquantaine de clubs). 4.500 sportifs sont actuellement affiliés en fédération Wallonie-Bruxelles. 

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