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La commune d'Anderlecht fait face à une prolifération de rats dans ses rues, ce qui pousse les autorités à prendre des mesures supplémentaires. Dans les caves ou les espaces publics, des riverains se retrouvent parfois nez à nez avec ces rongeurs, qui sont actuellement présents en nombre. Quelles sont les actions menées tout au long de l'année en région bruxelloise?
Des habitants d'Anderlecht, et d'autres communes bruxelloises, s'inquiètent de la prolifération des rats dans leur commune. Certains d'entre eux disent espérer que les autorités prennent le problème à bras-le-corps. Nous avons recueilli les témoignages de plusieurs riverains.
"Il y a des rats dans les rues d’Anderlecht, et il y en a même chez moi, dans les escaliers. Dans les rues où il y a le parc, il y en a aussi, car il y a tout un tas de détritus qui ne devraient pas être là. On les trouve où il y a beaucoup d’immondices, des dépôts clandestins...", confie Nathalie, une Anderlechtoise. "Je n’ai pas l’impression que la commune fasse quelque chose. Cela me dérange pour mon chien, car j’ai un petit chihuahua. Quand je sors le chien, je crains toujours qu’un rat saute dessus, on ne sait jamais. Je suis inquiète et pas contente de cette situation."
Une autre habitante de la commune décrit ce qu'elle a observé ces dernières semaines. "J’ai vu dernièrement des rats au niveau des voies du tram, c’est dégoûtant. Dans le quartier Lemonnier, il y en a pas mal également. On ne sait pas où est l’hygiène derrière. Je n’aime pas trop voir ça dans la rue. Ce dont j’ai peur, c’est que ça puisse mordre quelqu’un, on ne sait jamais. Je vois que les gens ne font pas attention, et j’ai peur que ça puisse porter préjudice à quelqu’un, que ce soit un enfant ou un adulte."
Un riverain ajoute: "Des habitants ont des rats dans leurs caves. De mon côté, en tant que citoyen, je mets des antirats dans tous les coins. Il y a des rats qui circulent dans la rue, car il y a des gens qui donnent à manger pour les oiseaux. Des citoyens sortent les poubelles, mais pas en temps et en heure. Cela donne la chance aux rats de pouvoir se développer. Ce n’est pas bon. La commune fait beaucoup de choses, mais le budget est limité. Anderlecht est une énorme commune. Et les rats se développent hyper rapidement."
Vu le nombre important de rats, nous allons mener une action
Interrogée sur cette situation, Françoise Carlier, l'échevine de l'Hygiène d'Anderlecht, confirme que des interventions de la commune et de Vivaqua sont nécessaires, plusieurs fois par an, pour pouvoir gérer la prolifération des rats.
"Je confirme qu’il y a des rats, j’en ai moi-même vus, à plusieurs endroits et à plusieurs reprises. La commune mène ainsi des campagnes de dératisation, en partenariat avec Vivaqua. Cela se passe en deux étapes. Vivaqua traite les rigoles, et la commune traite en surface, en même temps, pour plus d’efficacité. Cela se passe 4 fois par an. Ceci dit, vu le nombre important de rats, nous allons encore mener une action en partenariat avec Vivaqua, encore cette année-ci. Il y aura un traitement des rigoles et en surface."
On ne peut pas accepter une telle prolifération
Deux facteurs principaux peuvent expliquer la présence en nombre de ces rongeurs.
"Il y a le manque de propreté. Le Collège va lutter contre les incivilités davantage encore, en plaçant des caméras fixes et mobiles, pour attraper les auteurs de ces incivilités. On va aussi demander aux agents constatateurs d’avoir comme priorité les dépôts clandestins pour donner les sanctions administratives communales. Un deuxième facteur, ce sont les travaux. Dès qu’il y en a, les rats sortent. En plus de ces campagnes régulières avec Vivaqua, on va aussi faire des actions par hotspot. Dès qu’on voit qu’il y a un endroit où il y a énormément de rats, on va ponctuellement traiter l’endroit également."
Françoise Carlier annonce également la volonté d'octroyer un budget plus important pour faire face à cette situation: "Le Collège va sous réserve d’approbation budgétaire tripler le budget de campagne de dératisation(ndlr: le dernier budget s'élevait à quelque 45.000 euros) car on est bien conscient du phénomène. La rue Wayez, le quartier du canal et d’autres endroits sont particulièrement concernés. Les éradiquer, c’est impossible. Dans toutes les villes, il y a des rats dans les égouts. On ne peut pas accepter une telle prolifération."
On intervient pour la sécurité du personnel
Pour lutter contre les rats, les communes bruxelloises reçoivent donc le soutien de Vivaqua pour mener des actions. Olivier Lagneau, le directeur exploitation réseaux, explique qu'une des missions de l'intercommunale est de réaliser des campagnes de dépôt d’appâts pour les rats, deux fois par an.
"Ces actions sont menées dans les égouts, à différents endroits de 19 communes bruxelloises. Nous avertissons les communes de nos dates de passage, comme ça, elles peuvent faire en même temps des campagnes de dépôt d’appâts dans les rues, en surface. On renouvelle les appâts deux fois par an", indique Olivier Lagneau.
Des communes sont-elles plus touchées que d’autres ?
"Non, c’est assez réparti dans toutes les communes, dans les différents quartiers. Les communes nous demandent de temps en temps une campagne supplémentaire, mais il n’y a pas une recrudescence."
Pourquoi faut-il agir chaque année ?
"Les rats aiment bien les égouts pour le transport, pour se déplacer. Mais ils trouvent leur nourriture en surface, dans les poubelles qu’on laisse traîner dans les rues par exemple. Il faut donc respecter le domaine public, ne pas laisser traîner ses poubelles inutilement. Le rat est un animal peureux donc quand il voit nos ouvriers dans les égouts, il s’enfuit. Il y a des campagnes au printemps et à l’automne. C’est réparti sur les différentes communes donc il y a beaucoup de boulot sur 2-3 mois de l’année."
Quel est l’objectif pour Vivaqua derrière ces missions ?
"C’est pour la sécurité du personnel. Même si le rat est un animal peureux, s’il est acculé, il peut devenir agressif. Mais la deuxième raison, c’est pour la sécurité de nos installations. Si par exemple, dans un égout, il y a une brique qui manque et qu’un rat veut s’installer, il va faire une galerie à l’arrière pour pouvoir faire son nid. Ce qui peut provoquer des affaissements de terrain derrière. Donc, c’est très important de les combattre chaque année."
Environ 200.000 euros sont dépensés chaque année par Vivaqua pour mener à bien ces campagnes. "Quand il y a une campagne supplémentaire, c’est la commune qui la finance", précise Olivier Lagneau.
On piste les galeries pour trouver les nids de rats
Outre les interventions au niveau des égouts, la dératisation doit également être effectuée "en surface". Comment se déroulent les actions des professionnels ? Mounir Sanchez, un dératiseur, explique ses interventions dans les lieux publics et chez les particuliers.
"On piste les galeries pour trouver les nids de rats. En général, il y a une entrée et une sortie. En général, on va retrouver les rats à proximité d’un container. Très souvent, c’est à proximité d’une poubelle. Ils vont se nourrir puis se réfugier. (...) L’idée pour nous est de déranger les rats, les blesser, j'utilise des grillages que je plie en forme de cône, ce qui donne un système de picots. Quand c’est préparé, je le rentre directement dans la galerie, et ils ne passeront plus jamais par là. Je peux aussi mettre une mousse à l’intérieur, avec laquelle j’empoisonnerais les rats, mais dans un parc, je ne le ferais pas, car il y a d’autres animaux. Il y a aussi des boîtes dans lesquelles on place des appâts. Le rat va rentrer d’un côté, consommer le produit, et repartir. Tout est complémentaire dans ces techniques. On travaille de manière différente à l’intérieur et à l’extérieur."
Mounir Sanchez indique que, pour lui, les demandes de dératisation sont bien plus nombreuses en hiver, "autant pour les rats que pour les souris". "Ces animaux rentrent pour se nourrir, se reproduire, et vivre avec les humains. C’est une espèce commensale, qui a besoin des humains pour vivre. Les maisons bruxelloises sont très connues, car elles ont des planchers en bois. Et ces espèces vivent justement dans les planchers, dans les plafonds, dans les colonnes techniques, les caves, les greniers… Les intrusions se font par les caves, les greniers, les jardins et les cours. Les rats, les souris, les mulots… la liste est longue", conclut-il.