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Magali a contracté la grippe H1N1 il y a plusieurs années. Aujourd'hui, elle entend parler de la grippe H5N1, la grippe aviaire. Quelle est la différence entre ces virus? La population belge doit-elle craindre des infections chez les êtres humains comme c'est le cas aux États-Unis? Est-ce dangereux?
"J'ai eu de fortes fièvres et de très grosses fatigues pendant trois semaines. À certains moments, je ne me souvenais pas de ce que je vivais durant la journée", raconte Magali qui a contracté la grippe H1N1 en 2009. Si elle ne veut pas être alarmiste, notre interlocutrice se demande si nous sommes sur le point de vivre la même chose avec la grippe aviaire.
Nous avons interrogé l'infectiologue Nicolas Dauby du CHU St Pierre à ce sujet. Il précise d'emblée qu'il "n'y a jamais eu, jusqu'à présent, de cas de grippe aviaire humaine en Belgique".
Il distingue les deux virus: "H1N1 a émergé dans la population humaine en 2009. C'est ce qu'on appelait à l’époque la grippe mexicaine qui est un virus d'origine animale. Il est maintenant adapté à l'être humain et va causer la grippe saisonnière chaque année. Quand on parle de H5N1 (la grippe aviaire), c'est un virus dont le réservoir est animal, en l'occurrence les populations d'oiseaux sauvages. Il a maintenant la capacité d'infecter certains mammifères, notamment des bovins. On observe actuellement aux États-Unis un débordement chez les êtres humains en contact rapproché avec ces populations animales."
Concrètement, "ce que craignent la majorité des experts aujourd'hui", c'est que ce virus animal acquiert des mutations "qui peuvent faciliter l'infection chez les humains". C'est ce qu'il s'est passé avec le virus H1N1 à l'époque. À l'heure d'écrire ces lignes, certains êtres humains ont contracté le virus, mais on n'a pas connaissance de transmission entre hommes.
Est-ce dangereux?
Selon l'épidémiologiste Marius Gilbert, "il y a des choses qu'on ne comprend pas encore au niveau de la dangerosité de ce virus". Il explique que les éleveurs touchés aux États-Unis ont principalement développé "des conjonctivites": "Jusqu'ici, les infections ont toujours été bénignes et c'est une des grandes questions. Pourquoi le sont-elles alors qu'on sait que c'est un virus qui est assez dangereux pour certains mammifères?"
Certaines initiatives déjà prises en matière de développement vaccinal
Il continue: "La crainte, c'est toujours que ça soit un virus qui mute et qui acquiert des capacités à se transmettre de personnes à personnes avec une infection respiratoire qui soit, cette fois, plus sévère."
D'après une récente étude de biologistes de l'institut américain Scipps, une seule mutation pourrait rendre ce virus menaçant pour l'homme.
"Un candidat sérieux"
Faut-il s'inquiéter? "On doit toujours surveiller ces candidats virus potentiellement pandémiques. Celui-ci est un candidat sérieux parce qu'il y a toute une série de caractéristiques qui l'ont fait se rapprocher de plus en plus de mammifères au cours des dernières années", répond Marius Gilbert.
L'épidémiologiste estime d'ailleurs qu'il faudrait "avoir une surveillance active des populations animales et humaines beaucoup plus intense" que ce qui est fait à présent.
Si malgré tout, la grippe aviaire venait à se transmettre entre êtres humains, "certaines initiatives ont déjà été prises en matière de développement vaccinal", ajoute Marius Gilbert. "Par rapport au Covid, on est dans une situation très différente". "Mais on n'en est pas là", conclut le spécialiste qui estime qu'il n'est pas question d'alarmer la population belge à cet instant.