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10 ans après l'attentat de Charlie Hebdo: retour sur les racines de la haine

Copenhague, septembre 2005. L’écrivain Kare Bluitgen finit d’écrire une biographie de Mahomet destinée aux enfants. Il aimerait qu’elle soit illustrée, mais personne ne veut s’en charger. Peu de temps auparavant, le réalisateur néerlandais Théo Van Gogh a été abattu aux Pays-Bas. Cela suscite une appréhension légitime. Mais le rédacteur en chef des pages "culture" du journal conservateur Jyllands-Posten n’en a que faire. Il contacte une association de dessinateurs et illustrateurs. Douze d’entre eux répondent, et le 30 septembre 2005, leurs dessins sont publiés dans le journal. C’est le début d’une polémique mortelle.

Les 12 dessins sont de facture très différente, mais l’un en particulier retient l’attention. On y voit Mohamed coiffé d’un turban en forme de bombe dont la mèche est allumée. L’auteur du dessin démentira avoir voulu représenter le prophète, mais trop tard, le dessin est diffusé.

Les premiers jours, les réactions sont peu nombreuses. Il faut attendre la mi-octobre pour que des musulmans manifestent à Copenhague. Le lendemain, un jeune homme est interpellé pour avoir proféré des menaces de mort contre deux dessinateurs.  

À l’étranger, l’affaire s’enflamme. Au Pakistan, un groupuscule met à prix la tête des dessinateurs. Des imams danois se rendent au Moyen-Orient. Ils mêlent aux 12 dessins originaux des caricatures bien plus violentes qui n’ont jamais été publiées. En janvier 2006, plusieurs pays arabes font pression sur le Danemark. En France et ailleurs en Europe, au nom de la liberté d’expression, des journaux reprennent les dessins ou du moins certains d’entre eux. Charlie Hebdo les publie une première fois le 8 février 2006.

 

Les caricatures sont devenues une affaire d’État. Tout le monde s’en mêle, de Chirac à Clinton en passant par Kofi Annan. Pour certains analystes, la mobilisation d’une partie du monde musulman aurait été orchestrée volontairement pour exacerber les tensions. Les organisations islamiques de France lancent une procédure pénale contre Charlie Hebdo, mais en 2008, la justice consacre la liberté d’expression. 

 

La polémique se calme, mais pas pour tout le monde. En 2011, après un numéro spécial titré "Charia Hebdo", les locaux de Charlie Hebdo sont incendiés. En 2013, le dessinateur Charb raconte en BD la vie du prophète. Sa tête est mise à prix.  Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi qui viennent de commettre un carnage crient "on a vengé le prophète Mahomed". 
 

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