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10 ans après l'attentat de Charlie Hebdo, le dessinateur Plantu est toujours sous protection policière: "C'est la honte pour nos démocraties"

Dix ans après l'attentat islamiste qui a frappé Charlie Hebdo, le dessinateur de presse Plantu ne sort plus jamais de chez lui sans protection policière. Le caricaturiste s'est notamment exprimé à ce sujet au micro de notre journaliste Dominique Demoulin. 

Douze personnes ont perdu la vie le 7 janvier 2015 dans l'attaque par les frères Kouachi de l'hebdomadaire Charlie Hebdo, cible de menaces jihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006.

De passage en Belgique, le dessinateur français Plantu décrit ce qu'il a ressenti ce jour-là, après avoir revisionné des images de l'attentat.

"Cela paraissait tellement incroyable. Je les connaissais tous, les dessinateurs. Cela paraît tellement incroyable que des gens habités par la haine se lancent dans une telle tragédie...", a-t-il confié. "On dit souvent qu'ils ont gagné la bataille contre la liberté d'expression, mais non, ils sont morts. Et en plus, le combat, ils vont le perdre."

Et de poursuivre : "On est au début de cette guerre contre l'ignorance. Je ne suis pas croyant. Mahomet, j'en ai rien à foutre. Mais je respecte l'idée, pour des gens qui croient en Jésus-Christ, Moïse, Mahomet... Ils font ce qu'ils veulent. J'ai beaucoup de respect pour eux. Cela dit, il faut quand même rediscuter, et essayer de voir comment on peut échanger. Et nous, cartoonistes et dessinateurs du monde entier, de tous les continents, on fait des ponts entre les opinions, entre les régions, entre les religions, entre les cultures. Il faut arrêter de se braquer sur des choses qu'on ne peut plus dire. Ce n'est pas vrai. On peut tout dire, mais il y a un papier cadeau à réinventer."

10 ans après, Plantu ne fait toujours pas un pas à l'extérieur sans être escorté. "C'est la honte que je ressens. Je remercie toujours les policiers. C'est la honte que je ressens pour nos démocraties, en Belgique, en France, en Europe. Il n'y a pas que moi. (...) Quand je dis que je vais chez le médecin, ils sont au courant. Quand je vais dîner, ils sont au courant. C'est gênant pour ça. Pour ma vie de créateur, en images, je ne demande l'avis de personne", conclut-il. 

 

Charlie Hebdo célèbre ses disparus dans un livre

A l'approche du 10e anniversaire de l'attentat islamiste ayant décimé sa rédaction, le journal satirique français Charlie Hebdo a par ailleurs rendu hommage à ses "disparus" dans un livre poignant, destiné à "faire mentir les terroristes" qui se réjouissaient, le 7 janvier 2015, d'avoir "tué" le journal.

Douze personnes ont perdu la vie dans l'attaque menée par les frères Kouachi contre l'hebdomadaire satirique, cible de menaces djihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006.    

Parmi elles, huit membres de la rédaction: les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychiatre et psychanalyste Elsa Cayat, l'économiste Bernard Maris et le correcteur Mustapha Ourrad.

 

Publié le 5 décembre aux éditions Les Echappés, "Charlie Liberté, le journal de leur vie" célèbre leur travail à travers une sélection de dessins, de textes et de témoignages sur plus de 200 pages.  

"Charlie Liberté" inaugure ainsi les commémorations des dix ans des attentats de janvier 2015 contre le journal, une policière de Montrouge et l'Hyper Cacher, qui ont fait 17 morts.  

L'hebdomadaire sortira également en janvier un numéro spécial de 32 pages, comprenant les meilleurs dessins du concours international de caricatures #RiredeDieu qu'il a lancé jusqu'à mi-décembre pour dénoncer "l'emprise de toutes les religions" sur les libertés.  

Il y retracera aussi l'emballement autour des caricatures de Mahomet, à l'origine de violentes manifestations dans les pays musulmans, initialement publiées en 2005 par le quotidien danois Jyllands-Posten et reprises par l'hebdomadaire en 2006.  

Charlie Hebdo avait republié ces dessins en 2020, "pièces à conviction" à la veille de l'ouverture du procès des attentats de janvier 2015, de même que la couverture conçue en 2006 par Cabu, "délibérément mal comprise" par ses détracteurs, selon M. Biard.  

Cette Une, dans laquelle Mahomet "débordé par les intégristes" juge que "c'est dur d'être aimé par des cons", figure dans "Charlie Liberté".  

En 2015, une semaine après la tuerie, le journal avait représenté le prophète tenant une pancarte "Je suis Charlie", sous le titre "Tout est pardonné".

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