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Les parents d'Anna nous ont contactés via le bouton orange Alertez-nous. En cause: l'accident dont leur fille a été victime. La petite a été mordue par un chien du quartier… qui n'en est visiblement pas à son coup d'essai. Effrayés que ce type de mésaventure puisse se reproduire, ces Brainois demandent à la commune de prendre des mesures. Qu'est-il possible de faire?
Anna a échappé au pire. C'est du moins ce qu'ont pensé les parents de la petite fille quand ils ont vu l'état de ses jambes et de ses fesses le dimanche de l'accident. La maman raconte: "Elle était partie jouer chez la voisine et sur le chemin, elle s'est fait attaquer par ce chien qui n'était pas attaché."
L'enfant aurait eu le bon réflexe de protéger son visage. Pour autant, les blessures restent impressionnantes. "Il y a dix points de suture, les plaies étaient très profondes, il y a de la graisse qui sortait. Le chien l'a traînée, ce qui fait qu'elle a aussi des griffures dans le dos", précise la maman. "Pour le même prix, il s'en prenait à sa gorge", déplore-t-elle.
Depuis cette journée, Anna ne sent plus tellement en sécurité: "Quand je suis dans la rue, j'ai un peu peur", raconte l'enfant.
C'est un danger
Un problème récurrent?
Selon les dires des parents d'Anna, le chien en question aurait déjà montré des comportements violents auparavant. Pendant notre entretien dans ce quartier de Braine-l'Alleud, Thierry, un voisin nous interpelle et confirme l'information.
Il a lui-même été victime de l'animal: "Il y a deux ans, je passais pour me rendre au travail, le chien est arrivé par derrière et m'a mordu au mollet." Pour lui, pas de doute, il fallait faire quelque chose: "C'est un danger. Quand je passe dans la rue, j'ai toujours une appréhension."
Que faire?
"Le bourgmestre peut prendre des dispositions diverses allant de l'imposition du port d'une muselière à l'obligation de détenir certains chiens dans des endroits clos. Si on se retrouve devant un chien qui présente un certain degré de dangerosité, il a également le pouvoir d'exiger l'euthanasie. Il est évident que cette prérogative du mayeur doit être encadrée", explique Marc Haulotte, avocat spécialisé en droit de la responsabilité.
Lié à un problème d'éducation
Nous nous sommes alors tournés vers Vincent Scourneau, bourgmestre de Braine-l'Alleud, pour l'histoire qui nous intéresse ici. "Lorsqu'on est confronté à ce type de situation, il y a toute une procédure qui s'actionne. Il faut d'abord avoir une bonne connaissance des faits pour prendre une décision circonstanciée", dit-il. Dans le cas présent, le chien a été "éloigné". En d'autres termes, l'animal a été placé dans un établissement situé à l'extérieur de la commune.
La maman d'Anna estime qu'on ne fait que "déplacer le problème". De fait, en dehors de la commune, Vincent Scourneau ne peut rien faire et le risque que l'histoire se reproduise ailleurs n'est pas exclu. Pour autant, "dans les circonstances actuelles, l'euthanasie a été rejetée par plusieurs vétérinaires", souligne le bourgmestre.
La raison: "Ils estiment que le comportement du chien était plutôt lié à un problème d'éducation qui peut être corrigé, qu'on pouvait gérer de manière plus humaine."
"Dans 99/100 cas on sait faire quelque chose"
Consulter un vétérinaire comportementaliste pourrait alors être une solution. Comment ça fonctionne? Pour mieux le comprendre, nous avons interrogé Joël Dehasse, spécialiste. Notre interlocuteur est convaincu: "En général, dans 99 cas sur 100 on sait faire quelque chose".
Pour le déterminer, il faut d'abord "établir un diagnostic". Il existe 25 types de comportement d'agression, il est important de savoir auquel on a affaire. Une fois que c'est fait, le comportementaliste tente de "rediriger le comportement du chien". "On ne peut pas supprimer un comportement parce qu'il y a une base génétique sous-jacente", précise Joël Dehasse.
Dès lors, il est question de trouver des alternatives. Si l'animal a besoin de courir, il faut lui apprendre à courir derrière un frisbee par exemple.
Selon l'expert, il faut usuellement une à trois semaines pour que la thérapie porte ses fruits. Notons évidemment qu'il faut ensuite entretenir le travail accompli.
La solution parfaite donc? Oui et non. Pour que ça fonctionne, il faut que le propriétaire de l'animal joue le jeu. "Quand on a des décisions de consultation sous contrainte, le propriétaire n’est pas spécialement désireux de faire quelque chose et donc généralement il ne respecte rien de ce que l’on fait", avance Joël Dehasse.